Au cours de cette interview, Philippe Peytral, Masseur kinésithérapeute de l’équipe de France d’athlétisme explique la liste des blessures susceptibles d’arrivée en running et leur moyen de guérison quels sont les problèmes récurrents des coureurs à pied ? Comment éviter la blessure musculaire ? Quelle est la durée moyenne des blessures des coureurs ? Et plein d’autres choses…
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Maxence Rigottier : Bonjour à tous, ici Maxence Rigottier. Bienvenue dans cette nouvelle interview. Aujourd’hui, je suis avec Philippe Peytral, qui est masseur-kinésithérapeute de l’équipe de France d’athlétisme pour la partie sprint. Je vais laisser Philippe se présenter et ensuite lui poser quelques questions par rapport aux blessures des athlètes dans la course à pied. Salut Philippe, est-ce que tu peux un petit peu te présenter ?
Philippe Peytral : Je suis kiné des équipes de France d’athlétisme mais pas que du sprint, je suis kiné des équipes de France d’un point de vue plutôt général. Là je reviens d’un stage avec les sprinteurs, mais en fait, depuis 2000, je m’occupe de la coordination de toutes les disciplines et je suis régulièrement présent à tous les grands championnats, que ce soit d’Europe ou mondiaux ainsi que les Jeux Olympiques –donc les derniers en date étaient ceux de Londres. Donc j’ai plutôt à charge la gestion de la préparation des saisons, à savoir tous les stages qu’il peut y avoir dans les différentes disciplines, donc je gère un peu les référents qui ont été nommés par rapport à celles-ci, et je veille à la bonne marche des troupes pour la préparation jusqu’aux échéances ultimes que représentent dans toutes les disciplines des championnats du monde ou d’Europe de cross, les épreuves combinées, et les championnats d’Europe ou du monde et les Jeux Olympiques estivaux.
Maxence Rigottier : Ma première question : quelle est la liste de blessures que peut avoir un coureur à pied et quel est leur moyen de guérison ? On va prendre quelques exemples : l’élongation, la fracture de fatigue, le syndrome de l’essuie-glace, etc. Est-ce que tu pourrais donner une petite liste de différentes blessures que tu as vues durant toute ton expérience et ton vécu de kiné ? Et ensuite, quel est le moyen de guérison par rapport à chacune de ces blessures ?
Philippe Peytral : D’une manière synthétique, il y a deux types de blessures. Il y a des blessures qui touchent la structure d’une manière malheureusement prouvée à l’imagerie, donc bien entendu ce sont les élongations. Maintenant, les termes changent un petit peu : on essaie de donner de nouvelles valeurs par rapport à la souffrance du tissu qui a été mis à mal dans le geste sportif. Donc il y a les blessures dites anatomiques et dites non-anatomiques. Donc anatomiques, bien entendu, ce sont celles qui touchent la structure de manière visuelle à l’imagerie, donc ce sont malheureusement les gros dégâts anatomiques, qu’ils soient ligamentaires, tendineux ou osseux, allant de la simple micro-lésion à la rupture, ou à la fracture si l’on parle de tissus osseux. Les blessures non-anatomiques, c’est plus ou moins des signes de souffrance beaucoup plus rapidement réversibles : les fameuses contractures, par exemple. Donc l’évolution de la contracture, si on force dessus, se transformera plutôt en une rupture.
Donc on est d’emblée dans des délais, dès qu’il y a lésion de la structure anatomique, des délais de cicatrisation. Les délais de cicatrisation, grosso modo, des blessures prouvées à l’imagerie (que ce soit radio, écographie ou imagerie), vont à peu près de six semaines à trois mois. Donc il est évident que, que ce soit pour la première ou la deuxième catégorie de blessures, la prise en charge doit être la plus rapide possible. Il faut éviter le repos strict. Il est évident que s’il y a une fracture, il faut l’immobiliser pour éviter qu’elle se déplace, mais il faut très rapidement mettre en place une stratégie de l’entretien cardio-respiratoire. Et si l’on peut démarrer les soins, bien entendu avec le juge de paix c’est-à-dire le respect de la cicatrisation, et bien entendu de la douleur, ce sera beaucoup mieux pour garantir une bonne cicatrisation, et donc de surcroît une reprise dans les meilleures conditions. Ça ne veut pas dire forcément reprendre plus tôt, toujours systématiquement, mais c’est reprendre dans de très bonnes conditions. Plus la cicatrisation est de bonne qualité, plus, évidemment, la reprise se fera sans séquelles. Et pour cela, il vaut mieux s’en occuper le plus tôt possible.
Alors, s’en occuper le plus tôt possible, cela suppose quand même que l’athlète ait un minimum d’encadrement. L’encadrement, il est simple : c’est au moins un médecin qui travaille avec un kiné, ou un kiné qui travaille avec le médecin, l’idée étant qu’il y ait une communication entre les différents protagonistes de l’entourage médical de l’athlète, pour que celui-ci se sente en pleine sérénité, que ce soit lorsque tout va bien, ou que ce soit bien entendu lorsqu’il y a le plan hors-sec à déclencher, parce que malheureusement il y a un souci.
Maxence Rigottier : Je rebondis sur tes propos : tu évoquais l’importance d’entretenir son corps même quand on a une blessure. Comment faire ? Quels sont les types d’exercices que l’on peut effectuer pour quand même garder du « peps » et ne pas perdre sa condition physique ?
Philippe Peytral : Dès que l’état cicatriciel le permet, en règle générale, tout ce qui est activité sur des sports dits portés est rapidement conseillée, donc ça va du vélo à la natation, qui sont les activités par lesquelles généralement on peut commencer très rapidement un entretien cardio-respiratoire. Après, pour tout ce qui est course à pied, ça dépend de la localisation du problème. Ça sera généralement abordé plutôt dans une seconde phase. Mais ça, c’est le B.A-BA. Ça peut être également des exercices de rameur, par exemple. Bon après, c’est un petit peu de logique, et dans le doute on en parle avec son thérapeute, pour mettre en place une stratégie en collaboration avec l’entraîneur, par rapport aux valeurs dont l’athlète a besoin, par rapport à sa discipline.
Maxence Rigottier : Comment éviter la blessure ? Souvent, c’est à cause de quoi ? Du surentraînement, d’une hygiène de vie pas assez excellente ? Quels sont les motifs qui entraînent ses blessures ?
Philippe Peytral : C’est drôle, il y a un gros point commun entre la blessure et la performance, c’est que c’est multifactoriel. Il est clair et net que généralement lorsqu’il y a une blessure, il y a un bâton qui s’est mis dans une roue.
Il y a deux évolutions dans la pratique sportive. Il y a quand on est jeune : on démarre, on est tout fou, on est pétri de qualités, on est repéré, et tout d’un coup il y a une discipline dans l’entrainement qui commence à se mettre en place. On est jeune, alors certes, on est assidu à l’entrainement, mais on n’est pas forcément assidu à l’attitude qu’il faut avoir en dehors. On ne peut pas empêcher aux gens d’être jeunes –et puis il ne faut surtout pas, parce que c’est une des plus belles périodes de la vie. Mais bon, on est jeune, on va passer des heures derrière l’ordinateur, derrière les jeux vidéo, on va sortir le soir… C’est bien, mais le lendemain à l’entraînement, à un moment ou à un autre on se met dans une zone de moindre vigilance, de moindre disponibilité, et n’importe quel geste de trop peut faire déborder un petit peu le vase qui était déjà bien rempli. Alors il est parfois très rempli parce qu’il y a trop d’entraînements, mais il est parfois excessivement rempli par les en-dehors des entraînements, à savoir la mauvaise hygiène de vie.
Plus ça va, plus on devient mature, plus adulte. Et là, il y a un autre facteur qui entre complètement en cause, mais qui est déjà présent malgré tout même quand on est jeune, c’est la sérénité dans son équilibre de vie. C’est évident, que l’on soit jeune ou un peu moins jeune, il y a un moment dans la vie où, par ses études, on passe des examens. Généralement, l’année des examens, c’est difficile d’être performant dans le sport. Et le jour où l’on passe les examens, on a l’impression que c’est bon et que l’on va pouvoir se consacrer au sport, mais on sous-estime la fatigue que cela a généré. Et généralement, c’est là où ça se met un petit peu à siffler, voire malheureusement à être arrêté pour une blessure, parce qu’on a trop tiré sur la corde.
Donc il faut savoir gérer les transitions entre le sport et ce qui est en dehors du sport, et avoir la même rigueur un petit peu sur toute la ligne. Alors, ça ne veut pas dire être rigoureux du 1er janvier au 31 décembre, on ne va pas non plus exagérer. On ne peut pas être affûté tout le temps. Il faut savoir s’organiser ses plages de régénération, mais il faut les programmer. Plus les années avancent, plus on connaît son corps ; plus l’entraîneur connait l’athlète, plus l’athlète connait son entraîneur. Donc il faut régulièrement discuter.
Il y a beaucoup de blessures qui viennent de non-dits, également. Pas forcément d’un problème de justesse de l’entrainement, de justesse des soins de récupération, mais tout simplement de l’accumulation de non-dits : combien de fois l’athlète ne dit pas trop à son entraîneur que ça ne va pas, ou alors il a l’impression qu’il le dit mais que l’entraîneur n’écoute pas ? Donc à un moment ou à un autre, il faut provoquer des micro-discussions, mais en toute simplicité hein ! Ce n’est pas la peine d’en faire un grand débat. Il est vrai que de temps en temps, il vaut mieux s’arrêter deux-trois jours pour bien se régénérer et couper un peu, que ce soit une fatigue physique qui vient ou une fatigue mentale. On imagine bien que de temps en temps, c’est contraignant de venir aux entraînements, surtout que ceux-ci sont généralement toujours aux mêmes heures.
Maxence Rigottier : J’imagine…
Philippe Peytral : Le problème il est là aussi un petit peu : c’est qu’il y a des athlètes qui seraient certainement mieux à s’entraîner plus tard en fin d’après-midi plutôt que tôt le matin ; mais voilà, le stade est libre à ce moment-là, ou des choses comme ça. Bon… En France, en règle générale, jusqu’à un certain niveau, c’est plutôt en fin de journée pour les entraînements. Mais en fin de journée, ça veut dire que vous avez une journée dans les pattes, de boulot ou d’études, ce n’est pas toujours évident d’être disponible à ce moment-là.
Après, le sportif amateur a souvent tendance à s’entrainer un peu plus le week-end pour récupérer de ce qu’il n’a pas fait dans la semaine ; mais là, encore une fois, il a une semaine de travail dans les jambes. Ce n’est pas là où l’on récupère le mieux, où l’on se prépare le mieux à effectuer un effort.
Après, on peut faire des débats avec bien entendu les problèmes de surfaces, les problèmes de changement de matériel. A moment ou à un autre en cours de saison il faut changer de chaussures : c’est évident qu’il faut peut-être lever un peu le pied à ce moment-là, qu’il ne faut peut-être pas attendre que les vieilles soient complètement foutues pour changer, mais avoir une transition. Des petits détails comme ça, mais tous les ans on va vous le dire car ça recommence.
Maxence Rigottier : Quelle serait la surface la plus susceptible d’entrainer une blessure ? Le bitume, la piste, le trail (courir en nature), la salle ? A première vue, on dirait bitume ou piste. Est-ce que c’est vrai ?
Philippe Peytral : Bitume, ça va plutôt concerner bien entendu les gens qui pratiquent les disciplines dites hors-stade.
Maxence Rigottier : Dix-kilomètres, semi-marathon, marathon…
Philippe Peytral : Par exemple. C’est évident que c’est une surface qui est traumatisante, et il est clair et net que c’est intéressant, dans le cadre de sa préparation, d’essayer de trouver des zones plus meubles, peut-être des sous-bois, peut-être des pelouses de terrain de sport genre football ou rugby un peu accessibles de temps en temps pour faire quelques séances –ou au moins fractionner, pour ne pas être toujours dans le traumatisme de la surface de dureté.
En ce qui concerne ensuite tout ce qui est piste, c’est évident que ce qui s’avère à un moment ou à un autre le plus traumatisant, c’est tout simplement deux choses. C’est d’abord les pointes : c’est évident qu’il ne faut peut-être pas faire sans arrêt des séances systématiquement en pointes, il y a beaucoup d’athlètes aujourd’hui qui sont très très classifiés dans le haut niveau qui mettent beaucoup moins les pointes qu’avant. Ça c’est une chose.
Et puis il y a une valeur qui est toute bête : de temps en temps, dans la mesure du possible, c’est bien de faire des tours de piste dans l’autre sens. A toujours tourner dans le même sens, la jambe externe n’est pas soumise aux mêmes contraintes que la jambe interne. C’est bien de temps en temps de faire au moins des séances de récupération de l’autre côté. Donc ça, c’est évident que ce n’est pas toujours simple à faire.
Maxence Rigottier : Ça c’est une astuce ! Je ne l’ai jamais vu, mais c’est vrai que ce n’est pas bête de faire un tour de piste, pour une fois, dans le sens inverse.
Philippe Peytral : Complètement, pour équilibrer un peu les haubans qui sont sollicités dans les chaines musculaires plutôt d’une certaine façon, là au moins, on peut les rééquilibrer en travaillant de l’autre. Donc ça peut se faire généralement en zone centrale : au milieu d’une piste il y a souvent une surface herbée, ce n’est pas tellement compliqué, même s’il y a du monde sur la piste. On peut proposer des séances où l’on travaille un peu dans l’autre sens.
Maxence Rigottier : Donc si vous habitez dans les campagnes, l’idéal c’est de pouvoir courir dans la forêt, en nature. Et si vous êtes en ville, essayez un petit peu de courir sur des pelouses ou des surfaces un peu moins traumatisantes pour votre corps.
Philippe Peytral : Voilà. Et puis il faut aussi bien se mettre dans la tête que ce qui compte, ce n’est pas forcément l’entrainement quotidien, c’est le mental au quotidien. Vous avez trop de gens qui s’entraînent tous les jours, et s’ils ne s’entraînent pas une fois, par malheur, ils ont l’impression qu’ils perdent complètement leur cycle d’entrainement : ce n’est pas vrai. Ce qui compte, c’est quand même la constance mentale de ses objectifs. N’importe quel cycle de travail de renforcement, d’aérobie, tout ce qu’on veut, c’est entre trois et six semaines. Bon, on n’est pas à une journée près…
De temps en temps, il vaut mieux ne pas s’entraîner parce qu’on préfère se reposer ou faire autre chose, et être complètement disponible pour la séance du lendemain, plutôt que croire qu’on a fait son cycle d’entrainement normal alors qu’on y est allé tous les jours mais pas dans de bonnes conditions. « Pas dans les bonnes conditions », ça peut être le terrain qui est très très dur en ce moment, la piste par exemple quand il fait très très chaud, elle peut avoir une sensibilité, une dureté différentes. Bon ben de temps en temps, il faut laisser au corps un petit peu le temps de s’adapter, et à ce moment-là, on remet tout simplement ses baskets. C’est pas très très compliqué. Ou alors, on fait une séance avec les pointes, mais un peu plus courte, et puis on fait d’autres exercices derrière.
Maxence Rigottier : Les pointes, c’est utile de temps en temps si l’on prépare des 800 mètres, des 1500 mètres, des 3000 steeple, etc. Mais il faut avoir conscience que ça peut entraîner vraiment des blessures, et donc mixer également avec des séances où vous n’avez pas du tout les pointes.
Comment également savoir la frontière entre une blessure qui pourrait être mentale (en se disant par exemple « j’ai un peu mal au genou », et puis en fait c’est que dans la tête), et détecter cette potentielle blessure qui n’est pas du tout dans la tête, mais bien réelle ? C’est vraiment dur de savoir cette frontière ?
Philippe Peytral : Tout seul, quand on a mal, ce n’est jamais simple. Ce n’est pas plus mal d’ouvrir le débat à deux ou à trois. Déjà, il y a deux classements de douleur : il y a la douleur récente et la douleur ancienne. La douleur ancienne, elle vous a pris la tête pendant longtemps déjà. Et souvent, il y a des douleurs qui viennent de la tête, mais c’est parce qu’elles vous ont pris la tête déjà depuis très longtemps. Donc sur une douleur ancienne, c’est vachement dur en fait.
Maxence Rigottier : On va dire, une périostite, souvent. Ça va, ça vient, et puis on se dit « j’en ai une nouvelle », et puis on ne sait pas trop…
Philippe Peytral : Oui, voilà, c’est ça. Et puis bon, c’est pareil, il y a beaucoup de blessures dans le sport de haut niveau qui ne sont jamais vraiment complètement guéries. Il y a toujours un quota de douleur sur lequel on est obligé de conjuguer un petit peu lorsqu’on pratique le sport régulièrement. Il y a certaines de ces douleurs qui sont complètement normales, qui font partie un petit peu du patrimoine du sportif. Mais il est vrai qu’elles peuvent revêtir un côté un plus pénalisant quand l’athlète commence à se sentir un peu moins bien.
Parfois, ce n’est pas la blessure qui amène le fait que l’athlète est un peu moins bien, c’est tout simplement d’autres choses : ça peut être l’entrainement qui est plus dur ; mais il va se raccrocher au fait que c’est sa périostite qui l’embête. Donc c’est très rare les blessures qui ne viennent que de la tête. Il n’y a pas que le côté psychologique ou émotionnel. Il y a toujours une essence dans la structure où l’on va trouver un élément qu’il convient de travailler. Donc il faut le travailler, parce que ça permet de casser un petit peu le cercle vicieux.
Il n’empêche qu’encore une fois, la sensibilité, la perception de la douleur est également multifactorielle. C’est pour cela que de temps en temps, il faut peut-être voir avec l’entraîneur s’il ne faut pas alléger un petit peu le cycle de l’entrainement, ou alors proposer une dureté qui s’exprime dans d’autres exercices. Parce que c’est évidemment qu’à un moment ou à un autre, ce genre de blessure va plus ou moins se calmer, ce genre de sensibilité, j’entends, va plus ou moins se calmer. Mais l’idée encore une fois, c’est de se rapprocher toujours du fait que chaque cycle doit apporter son lot de construction sur le futur. Il faut, encore une fois, discuter : discuter avec son entraîneur, discuter avec son kiné.
Il y a des blessures qui finissent, en effet, par venir de la tête parce qu’elles n’ont jamais été vraiment complètement traitées. Et complètement traitées, ce n’est pas uniquement le repos, ce n’est pas uniquement les soins, c’est également la discussion avec l’entraîneur pour le réentraînement progressif de certaines valeurs. Et on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de sportifs aujourd’hui dans l’équipe de France, je vous le dis tout de suite, qui s’entraînent beaucoup moins qu’avant, dans le sens quotidien. Par contre, ils font certaines séances qu’ils n’avaient jamais faites jusqu’à présent.
Maxence Rigottier : Donc beaucoup plus de qualité, moins de quantitatif…
Philippe Peytral : Il y a parfois de la quantité également dans l’enceinte de la saison, c’est-à-dire que parfois ils font des séances beaucoup plus longues qu’avant. XXXXX ils font des fois des séances de 3-4 heures, mais par exemple, le lendemain ils vont faire une séance plus spécifique, plus axée sur la technique, et le surlendemain, ils ne vont pas s’entraîner.
Maxence Rigottier : D’accord…
Philippe Peytral : On laisse les choses un petit peu s’installer, plutôt que d’être toujours dans la consommation, toujours plus fort, toujours plus fort. Vous savez, le sport, c’est un petit peu comme la nourriture : un repas, vous le mangez en une demi-heure, il faut quatre heure pour le digérer.
Maxence Rigottier : Exactement.
Philippe Peytral : Et le sport, et bien des fois, vous continuez à faire du sport alors que vous n’avez pas digéré. Alors, ça peut aider dans certaines phases pour fabriquer et solliciter une filière de renforcement, mais parfois, ça crée une filière de fragilisation. Donc encore une fois, c’est l’écoute, c’est le dialogue avec les différents protagonistes de votre entourage. Tout seul, c’est un peu compliqué.
Maxence Rigottier : Donc toujours bien communiquer avec son entraineur pour ne pas aggraver son cas…
Philippe Peytral : Oui voilà. Et puis ce n’est pas la peine forcément de faire des suivis d’une heure par jour. On peut très bien s’organiser une petite synthèse de la semaine régulièrement, et puis entre les deux synthèses, s’il y a le gendarme qui siffle parce que vous êtes passé à l’orange, vous vous dites « tiens, j’ai l’impression que je sens ça », et puis mine de rien, vous attirez un petit peu le regard de l’entraineur : est-ce que vous avez fait un mauvais geste technique, ou est-ce qu’il y a un truc qu’il vaut mieux arrêter de faire pour le moment ? Voilà, comme ça on prend les choses et on fait la synthèse à la fin de la semaine ; comme ça, on dort tranquille le dimanche et on repart le lundi sur de bons pieds.
Maxence Rigottier : Exactement ! S’il y avait trois blessures récurrentes que tu as observées durant toutes les années où tu as exercé ta profession, quelles seraient ces trois blessures ?
Philippe Peytral : Bon, on va dire en numéro 1, les lésions musculaires, je pense.
Maxence Rigottier : Donc 1, lésions musculaires. Quelle est la durée, et quel est le moyen de guérison ?
Philippe Peytral : Il y a des localisations qui sont plus embêtantes que les autres, ça va être comme pour les tendinites. Les lésions musculaires des ischio-jambiers, c’est quelque chose que tout le monde connait quelles que soient les disciplines. Si ça se localise dans le ventre musculaire, donc plutôt au milieu de la cuisse, c’est-à-dire dans une zone qui cicatrise très très bien, assez vite, on peut parler d’un délai pour reprendre l’entrainement normalement de grosso modo six semaines. Mais quand je dis reprendre l’entrainement normalement, c’est à 80%. Car le repos total pendant six semaines et après repartir, ça fait six semaines sans entrainement : c’est un peu compliqué.
La lésion musculaire la plus vicieuse, c’est celle qui touche les mollets. Généralement, c’est plutôt l’athlète dans un chapitre de sa carrière un petit peu avancé : ce n’est pas la blessure classique du jeune coureur, le mollet.
Maxence Rigottier : C’est le coureur expérimenté qui a souvent une blessure au mollet…
Philippe Peytral : Les blessures du mollet, c’est généralement des athlètes qui ont dépassé les 27-28 ans, qui ont une bonne dose d’efforts au compteur, déjà. Bon ça, c’est un peu long à guérir. Ça dépend de la discipline que vous faites, mais si vous faites du long ou des haies, c’est un peu compliqué. Il ne faut pas vous attendre à une guérison des plus rapides, donc d’emblée, il faut être dans la patience et dans l’intelligence. La stratégie de n’importe quel soin aux blessures, qu’elle soit du type lésion musculaire ou tendineuse dont on va parler après, c’est de mettre en place une stratégie où après on sera plus fort qu’avant. Donc pour ça, de temps en temps, il faut un peu de temps. Et sur certaines blessures, il y a intérêt à le prendre, parce que sinon, il y a un côté récurrent, de récidive…
Maxence Rigottier : A chaque fois, ça relâche, entre guillemets…
Philippe Peytral : Voilà. Après, grosso modo, plus une lésion est proche de l’articulation, qu’elle soit musculaire ou tendineuse (bon généralement, proche de l’articulation, c’est plutôt des lésions tendineuse ou tendino-musculaires) plus c’est compliqué à guérir, parce que là, vous êtes au point de départ du mouvement : ce n’est pas toujours très simple. C’est-à-dire qu’en fait, ces lésions-là, c’est toujours plus au moins six semaines. Mais vous avez des lésions qui sont près des zones qui sont un peu moins vascularisées, et un peu plus sollicitées que les autres. Donc celles-ci, bon voilà, on n’est pas à quinze jours près. Parfois, on peut avoir une bonne surprise et être en avance de quinze jours, mais il ne faut pas s’affoler si on décale les choses de quinze jours.
Dans la deuxième catégorie, c’est tout le chapitre des tendinopathies, ça c’est clair et net : qui n’a pas connu ces fameuses tendinopathies ? Et là c’est pareil, on ne parle pas de délai de cicatrisation, quoique à l’imagerie, il est vrai, on voit qu’il y a une micro-fracture des fibres tendineuses. Mais bon, c’est pareil, il n’y a pas de recette. Ça peut aller très très vite comme ça peut être très très long.
Maxence Rigottier : Donc là, c’est juste du repos qu’il faut ?
Philippe Peytral : Non non. Là, encore une fois, il faut démarrer une prise en charge de soins. Sauf qu’il va y avoir peut-être une thérapie médicamenteuse un peu plus élevée que dans les lésions musculaires. Cette thérapie médicamenteuse, c’est simple : c’est des anti-inflammatoires, des antalgiques, parfois des infiltrations, parfois de la mésothérapie, donc des infiltrations un peu plus superficielles. Parfois, en fonction de la localisation des tendinites, des orthèses. On peut parler également de semelles, dès qu’on parle de souffrance de la part des voûtes plantaires ou du tendon d’Achille.
Les tendinopathies à l’heure actuelle les plus vicieuses et les plus longues à guérir sont les tendinites qui siègent sur l’assertion haute des ischio-jambiers, donc juste en-dessous de la fesse. C’est généralement les tendinopathies les plus rebelles. Mais elles ne viennent pas comme ça du jour au lendemain, elles ont une histoire comme toutes les tendinites : ça vient petit à petit, mais ça passe ; quand on est bien chaud, ça passe. Et puis un beau jour, malgré le fait qu’on soit chaud, ça ne passe plus. Alors, sur certaines zones comme le tendon d’Achille, le tendon rotulien, et cette attache haute des ischio-jambiers qu’on appelle l’enthèse ischiatique, là, faut pas dire « ça va passer », parce que si ça ne passe pas… J’espère que tout le monde écoute bien cela : si ça ne passe pas, celles-là, faut se méfier. Parce qu’elle a tendance à évoluer mal et à être très rebelle, et elle vous pourrit une saison, voire deux, donc on ne fait pas l’idiot.
Maxence Rigottier : Très dure à s’en défaire…
Philippe Peytral : Il faut toujours respecter les signaux. Il faut considérer ces zones de douleurs un petit peu comme le gendarme qui siffle parce que vous passez à l’orange. Voilà. Il est clair que là, vous n’aurez qu’un avertissement, mais vous pouvez repartir avec vos points et votre permis. Par contre, si vous passez au rouge, il va siffler, mais là il va vous arrêter, et là, il va vous pourrir votre journée… et les jours qui viennent !
Troisième volet : les fractures de fatigue.
Maxence Rigottier : Ça c’est le classique que tu as observé également…
Philippe Peytral : Oui, alors attention ! Quand je parlais tout à l’heure des lésions musculaires et des tendinopathies, entre les deux, il y a les ruptures tendineuses. La plus connue est celle du tendon d’Achille, en athlé. Il en existe également d’autres, bien entendu, que ce soit au niveau de la racine de la hanche, au niveau du bras intérieur, que ce soit au niveau de l’épaule et du coude chez les lanceurs, par exemple… Bon, je sais que c’est plutôt un blogue de course à pied, donc on ne va pas parler des lanceurs. Mais ces ruptures-là, dans 99% des cas, nécessitent une intervention.
Une rupture du tendon d’Achille opérée, on commence à être bien au bout de six mois. Mais on ne peut vraiment commencer à s’entraîner durement pour retrouver son niveau qu’à partir de la fin de la première année. Donc là, encore une fois, il faut être patient. Il ne faut pas tricher non plus. Un sprinteur peut revenir très très vite à son niveau, quelle que soit la blessure. Il a plus de chance de revenir à son niveau très vite qu’un demi-fondeur. Un demi-fondeur, il lui faudra beaucoup plus de temps : il a tellement besoin de dose de travail aérobie, de sollicitation de cette filière, de dose de kilométrage, que là, il faut s’armer de patience.
Donc on parlait de fractures de fatigue. Alors les fractures de fatigue, c’est un petit peu l’évolution des périostites quand même, mine de rien. Là, malheureusement, ça se consolide beaucoup moins bien qu’une fracture traumatique. Il vaut mieux avoir une bonne fracture suite à un coup de pied, j’allais dire, plutôt qu’une fracture de fatigue : c’est toujours plus long.
S’il y a également un autre conseil à donner, c’est qu’il y a beaucoup de pathologies (entorse, fracture de fatigue…) qui siègent au niveau du pied, pour lesquelles on ne met pas forcément une immobilisation. Mais –allez savoir pourquoi- on ne conseille pas forcément aux gens de marcher pendant quelque temps avec des béquilles. Pourtant, ça parait logique de soulager l’appui un petit peu quelques jours, jusqu’à ce que celui-ci redevienne moins douloureux. S’il est moins douloureux, c’est que la cicatrisation a déjà bien avancé. Donc ça n’a l’air de rien, mais encore une fois, vous l’aurez gérée, cette première partie de la cicatrisation. A partir du moment où vous la gérez, cette première partie, je ne vois pas pourquoi les deuxième et troisième ne se passeraient pas bien. Il y a plus ou moins trois phases à chaque cicatrisation. Si vous faites ce qu’il faut et si vous évitez ce qu’il ne faut pas à la première phase, d’emblée, le processus avance d’une manière beaucoup plus à votre avantage.
Maxence Rigottier : Et également, si on est blessé cinq mois, pour un coureur de demi-fond, combien de temps faut-il pour retrouver son niveau initial d’avant la blessure ? On l’a dit, les sprinteurs, ça va vite, mais les coureurs de demi-fond, ça va beaucoup moins vite. Est-ce qu’il faut cinq mois d’entrainement pour revenir au niveau initial ?
Philippe Peytral : Non, pas forcément, mais ça va dépendre également de ce qu’il aura fait pendant ces cinq mois. Il y a quand même une grande partie des blessures classiques de la pathologie de l’athlète qui permettent quand même un travail cardio-respiratoire bien avant ces cinq mois. Bien avant. Et partant de ce principe-là, c’est quand même son moteur élémentaire, ce système cardio-respiratoire, ce système aérobie. Ça peut revenir en effet assez rapidement.
Maintenant, encore une fois, il y a grosso modo deux phases, voire trois. Je vois ce qui se passe au niveau de l’équipe de France d’athlé : ils ont grosso modo trois grosses phases de travail foncier. Il y a le travail foncier hivernal, le travail foncier de printemps, et puis il y a le travail foncier qui reprend encore quelques élans, avec quand même, certes, de plus en plus de valeurs spécifiques pour préparer la dernière ligne droite de l’été. Donc là, on parle d’une saison longue. Il est évident que pour les gens qui pour le moment sont dans des niveaux de fonctionnement inférieur, la saison est plus courte. Donc eux, à la limite, ils peuvent, une fois que les dernières compétitions sont finies, se régénérer. Mais un sportif de haut niveau, entre les championnats de France et s’il se qualifie pour les championnats du monde par exemple, il y a un mois et demi, alors il va remonter un petit peu en altitude à Font-Romeu. Donc il va encore refaire un gros cycle de travail.
Donc vous, quand vous n’avez pas pu faire ce gros cycle de travail pendant cinq mois, inutile de vous dire qu’il vous en manque un petit peu. Non, je crois que si vous n’avez pas pu vous entrainer normalement pendant cinq mois, même si vous avez fait un entretien cardio-respiratoire, avec un petit peu de chance, vous ferez deux-trois belles sorties dans la saison. Sinon, il faut prendre encore une fois son mal en patience et il vaut mieux utiliser les mois qui restent pour préparer la future saison.
Alors c’est pareil, il y a deux niveau de sportifs : vous avez les amateurs qui s’arrêtent des fois un peu trop, soit parce qu’ils sont blessés, ou sinon parce que c’est les vacances.
Maxence Rigottier : D’accord, à la période juillet-août…
Philippe Peytral : Voilà, au mois de septembre ils se remettent à bosser. Celui qui a été blessé, généralement, l’été, il le gère différemment. Il reprend son entrainement un peu individualisé un peu plus tôt, et généralement, lui, il est bien en avance sur sa période foncière. Et je dirais que les contraintes qu’il a subies de par son arrêt se sont multipliées par dix au retour de forme après. Donc plus l’arrêt est long, plus il faut du temps pour retrouver votre niveau de toutes façons, ça c’est évident. Le quantifier, c’est pas forcément l’équilibre entre un jour où l’on s’est entraîné par rapport à un jour où l’on ne s’est pas entraîné. Bon, ce n’est pas comme le décalage horaire, hein ! Le décalage horaire, quand on vous dit huit heures de décalage, il faut huit heures pour vous en remettre… ce n’est pas tout-à-fait vrai d’ailleurs, c’est peut-être un peu court. Là c’est pareil, ça peut être un petit peu moins. Mais il n’enlèvera pas les cinq mois où il n’a pas pu s’entraîner normalement. Ce n’est pas pour autant qu’il va traîner ça comme un boulet jusqu’à la fin de sa carrière. Ça peut revenir très très vite, mais il faut être patient, intelligent et structuré.
Maxence Rigottier : D’accord. Et pour finir sur une dernière question : si on a été arrêté trois mois, au début, il faut reprendre tranquillement avec un ou deux petits footings ? Quelles sont les deux-trois premières séances adéquates par rapport à un retour de blessure qui a duré, on va dire, trois mois, qui est une bonne coupure ?
Philippe Peytral : Donc plutôt une pathologie du membre inférieur ?
Maxence Rigottier : Oui, voilà.
Philippe Peytral : Et bien je vais reprendre un peu ce qu’on avait dit tout à l’heure, à savoir que dans un premier temps, des sports avec une activité un peu portée quand même, à savoir vélo, natation, ou aquajogging –l’aquajogging est une excellente activité quand on a la mesure de pouvoir la mettre en place. Ça se fait dans certaines piscines municipales avec des gilets adaptés, ça va se faire de plus en plus maintenant dans des centres de sport et dans certains cabinets de ville, où vous aurez des cabines individuelles dans laquelle vous rentrerez et qui sera remplie d’eau jusqu’à peu près ici, et vous aurez la course à pied qui pourra se faire avec contre-courant. Donc ça, c’est assez sympa pour se remettre en condition.
Sinon, oui, je dirais que, en fonction du juge de paix (qui est bien évidemment toujours la sensibilité), on pourra voir après. Il ne faut jamais avoir ce principe-là, vous savez, c’est : « tiens, cette semaine j’ai couru deux fois, la semaine prochaine je cours trois fois. Et la semaine d’après, comme ça s’est bien passé, je cours cinq fois ». Non, il vaut mieux garder la même fréquence sur quinze jours-trois semaines, et à chaque fois augmenter le contenu et les sensations.
Maxence Rigottier : D’accord. Garder la fréquence d’entrainements et augmenter le contenu.
Philippe Peytral : Oui, il faut laisser augmenter les sensations. Par exemple, vous pouvez très bien courir vingt minutes la première fois, pas avoir eu mal ni pendant, ni après –ca, c’est le meilleur des cas. Donc la fois d’après, il vaut mieux courir également vingt minutes, sauf que là, vous savez que vous n’avez pas eu mal pendant et vous n’avez pas eu mal après, donc mine de rien, vous allez pouvoir peut-être retrouver votre norme de fréquence de course. Vous allez peut-être tout simplement, dans la même période de vingt minutes, faire plus de distance, parce que vous aurez couru plus proprement. Donc vous allez être en train de vous réadapter à votre technique. Et à partir du moment où, encore une fois, ça s’est bien passé pendant et bien passé après, et bien vous pouvez également commencer à augmenter, pourquoi pas la prochaine fois, vous dire « tiens, je vais essayer de me faire une programmation sur trente minutes ».
Mais il faut également, en dehors de ces séances de course à pied, plutôt que de les rajouter comme ça petit à petit (soit en durée, soit en augmentation hebdomadaire), rependre des exercices de lien, des exercices de PPG, des exercices de gainage. Et puis, je pense qu’il est toujours intéressant, au moins une fois par semaine, de continuer tout ce qu’on avait fait avant dans cette phase d’incapacité d’entretien cardio-respiratoire où l’on avait fait que du vélo, de la natation. Quand tout d’un coup tous les feux sont verts, souvent l’erreur c’est de dire « Allez hop ! ca y est, je repars, maintenant je ne fais plus que de l’athlé ! » Maintenant, il vaut mieux faire une séance en moins par semaine, et faire une petite piqûre de rappel sur les bienfaits du vélo (ou de la natation), parce que si ça vous a fait du bien pour vous aider à guérir, ça vous fera également du bien pour aider à retrouver votre niveau.
Maxence Rigottier : Donc ne pas oublier de mixer un petit peu avec du vélo et de la natation pour la reprise.
Philippe Peytral : Et dernier conseil. Souvent, le sportif raisonne par rapport au calendrier, aux échéances : il faut raisonner par rapport à son calendrier de santé. C’est celui-là qui devient le plus important. Qu’à la limite, les échéances calendaires deviennent un objectif de motivation supplémentaire : bravo ! Mais l’objectif numéro 1, c’est de respecter le calendrier de sa santé. Après, plus on respecte, plus on est…
Maxence Rigottier : …sûr d’être présent le jour J de la compétition.
Philippe Peytral : Oui, parce que le corps, il n’en a rien à cirer que vous alliez faire un 10 000 ou je ne sais pas quoi, un semi, ou un cross. Il en a rien à faire, lui. C’est votre tête qui en a besoin, c’est pas votre corps.
Maxence Rigottier : Exactement !
Philippe Peytral : Alors le problème, c’est que si vous n’avez pas votre corps, votre tête, elle reste à la maison et vous regardez la télé. Mais bon, il y a un moment où il faut aussi raisonner comme ça. Et ça, quel que soit le niveau, c’est le discours. Alors c’est évident que l’on se fait toujours un petit peu des films –à juste titre d’ailleurs, parce qu’il y a un côté, sur le sportif de haut niveau, on a l’impression que d’emblée il y a le plan hors-sec qui est déclenché autour de lui. On n’a pas conscience que c’est un parcours du combattant pour le sportif de haut niveau de se soigner quand il est blessé. Ce n’est pas simple. Il y a ce que l’on voit à la télé, mais on ne voit pas ce qu’il y a en dehors de la télé. Et en dehors de la télé, faites-moi confiance que le sportif ou la sportive de haut niveau qui a un souci, il rame. Ce n’est pas simple.
Et je crois que, malheureusement, ils se prennent de pleine volée ces échéances calendaires, parce que c’est un petit peu incontournable pour leur sponsor, patati-patata. Et même avec eux, il faut arriver à raisonner par rapport au calendrier de la blessure. Donc je ne vois pas pourquoi on ne dirait pas la même chose aux sportifs plus amateurs.
A partir du moment où l’on raisonne par rapport au calendrier de la blessure, on se donne les moyens d’être plus fort qu’avant. Donc même si on loupe éventuellement une échéance ou deux, pour celle d’après on sera vraiment fort. Il faut être patient, et la patience est récompensée –patience organisée, bien entendu : il ne faut pas se mettre, encore une fois, au repos bête et discipliné. C’est intolérable de voir des gens qui arrivent en soins six semaines après une blessure alors qu’on aurait pu commencer les soins au bout de 72 heures. Ce sont des gens qui ont perdu une partie du temps. Bon, ce sont les messages à retenir.
Maxence Rigottier : Pour résumer : toujours raisonner par rapport à sa santé, son corps, et non par rapport au calendrier des courses que vous voulez effectuer dans les semaines ou mois à venir.
Philippe Peytral : Absolument.
Maxence Rigottier : Merci pour cette interview vidéo et pour tous tes précieux conseils. Si vous voulez retrouver Philippe, il a un cabinet sur Paris.
Philippe Peytral : Ecoutez, c’est gentil, mais avec tous ces conseils, j’espère que vous n’aurez pas besoin de moi !
Maxence Rigottier : A bientôt pour de nouvelles vidéos sur la course à pied. Bye !
Philippe Peytral : Au revoir.
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Hello Maxence, et merci pour cet interview ! Je l ai regardé avec beaucoup d interet.
Victime depuis 3 semaines d aponevrose plantaire , je ne peux plus pratiquer la course à pied… Trop d entrainement ? trop couru avec des chaussures trail sur le bitume ? pas de coupure annuelle ? une seance fractionnée toutes les semaine ? je ne connais pas vraiment l origine…
Le velo est venu à ma rescousse , apres difficile de savoir si on doit attendre de ne plus sentir aucune douleur pour recourir ou si on doit conjuguer avec la douleur au risque de la revoir nous clouer devant l écran du PC !!
Hello Accropix,
Parfait si tu as aimé cette interview. ;) Consulte ton médecin et reprend en douceur, il n’y a pas de raisons que tu ais d’autres douleurs.
Bon rétablissement.