Interview de Christelle Daunay : La Recordwoman de France du Marathon nous évoque les aliments à manger 2 ou 3 jours avant le départ de votre Marathon


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Note im­por­tante : Chris­telle s’étant blessée au len­demain de la réalisa­tion de cette in­ter­view, elle ne pour­ra mal­heureuse­ment pas re­présent­er la Fran­ce aux JO. Nous lui souhaitons un rapide et très bon rétab­lisse­ment. ;)

Vous pouvez retro­uv­er Chris­telle Daunay :

-Sur son site : le blog de Chris­telle Daunay

-Chez son Spon­sor Gfi In­for­matique

-Sur wikipédia

-Sur sa fiche l’équipe

-Sur sa page fan Facebook

Christelle daunay

Trans­crip­tion texte de l’in­terview vidéo de Chris­telle Daunay par Max­ence Rigot­ti­er :

Max­ence Rigot­ti­er : Bon­jour à tous, c’est Max­ence Rigot­ti­er de blog co­ur­se à pied. Aujourd’hui, je suis avec Chris­telle Daunay qui est une spécialis­te du marat­hon. Si vous ne con­nais­sez pas Chris­telle Daunay, tu as un re­cord de Fran­ce sur marat­hon en 2h24’22 », tu as égale­ment le re­cord de Fran­ce de semi-marathon en 1h08’34 », tu as le re­cord de Fran­ce du 10.000 m en 31’35 »81. Tu vas bientôt co­urir aux Jeux Olym­piques de Londres. Bref tu as un par­cours im­pres­sion­nant avec un im­men­se pal­marès. Je vais te laiss­er te présent­er pour que tu nous ex­pliques de­puis tes débuts dans la co­ur­se à pied jusqu’à aujourd’hui. Salut Chris­telle.

Chris­telle Daunay : Bon­jour, bon­jour à tous. Bi­en­venue sur le blog, et je suis con­ten­te de pouvoir par­ticip­er avec vous sur le marat­hon et la co­ur­se à pied où tout le monde est pas­sionné ap­parem­ment sur ce blog. Pour me présent­er rapide­ment, sur le plan per­son­nel, j’ai 37 ans, je suis li­cen­ciée à la SCO Sain­te Mar­guerite Mar­seil­le de­puis 2004 et je cours de­puis l’âge de 11 ans, donc ça fait un petit mo­ment main­tenant. Je suis athlète de haut niveau de­puis 2006, date à laquel­le j’ai arrêté ma pro­fess­ion de kiné pour ne pas re­grett­er de pas avoir essayé d’être athlète de haut niveau et es­say­er d’avoir des per­for­mances plus im­por­tantes, puis­qu’­en 2003 j’ai com­mencé à être en équipe de Fran­ce et j’avais envie de vivre l’ex­péri­ence du haut niveau et je le re­gret­te pas à ce jour puis­qu’­en effet, comme tu dis­ais, dans quel­ques jours je vais par­ticip­er à mes 2èmes Jeux Olym­piques.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Et com­ment tu as eu ce déclic pour pass­er du statut d’amateur à pro­fes­sion­nel en quit­tant ta pro­fess­ion et de te con­sacr­er à 100% au marat­hon et à la co­ur­se à pied ?

Chris­telle Daunay : Ma pro­fess­ion de kiné me per­met­tait de m’entrain­er 2 fois par jour pen­dant quel­ques années et c’est vrai que les résul­tats sont venus pro­gres­sive­ment avec l’entraine­ment et l’ab­néga­tion. En 2003, j’ai ob­tenu ma 1ère sélec­tion en équipe de Fran­ce sur piste sur 5.000 m et c’est toujours une joie et une chan­ce de port­er le mail­lot de l’équipe de Fran­ce. On a toujours envie d’aller plus haut. Après, j’ai voulu amélior­er mes con­di­tions d’entraine­ment. Je ne pouvais plus m’entrain­er plus, aug­ment­er le nombre d’entraine­ments puis­que j’étais déjà au maxi­mum malgré ma pro­fess­ion. J’ai cherché sur quoi je pouvais pro­gress­er et donc c’était sur la récupéra­tion et le fait de pouvoir par­tir en stage. C’est pour­quoi en 2006 j’ai tenté l’aven­ture d’es­say­er d’agir sur ces points, c’est-à-dire en arrêtant de travaill­er, donc amélior­er la récupéra­tion, ce qui me libérait du temps pour par­tir en stage et de mettre tous les paramètres de mon côté, ce qui fut bénéfique puis­qu’­en 2007 j’ai com­mencé mon aven­ture sur marat­hon, et elle se pour­suit en­core ac­tuel­le­ment.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Et du coup, à l’heure ac­tuel­le, com­ment se déroule ta journée type ou ta semaine type de co­ureur pro­fes­sion­nel ? Quels sont les différents en­traine­ments que tu ef­fectues au quotidi­en pour t’amélior­er sur le marat­hon ?

Chris­telle Daunay : Une journée type de co­ureur pro­fes­sion­nel, c’est comme tout un chacun. Je vais au travail, je me fixe des heures d’entraine­ment pour bien or­ganis­er ma journée et pas laiss­er le temps pass­er. Quand je m’entraine 2 fois par jour, je me lève à 7h30, je vais m’entrain­er à 9h30, et l’après-midi, je re­comm­ence vers 16h30 mon 2ème en­traine­ment. Tout ceci est al­terné avec une sies­te, du repos et be­aucoup de travail avec les étire­ments ou les soins kiné et tout ce qui con­cer­ne la récupéra­tion. Sac­hant que pour une journée il y a l’entraine­ment et la récupéra­tion, mais il faut pens­er aussi à décon­nect­er un petit peu de la co­ur­se à pied. Donc il y a les loisirs entre aut­res et puis il y a aussi le con­tact avec tous ceux qui m’en­tourent à lon­gueur d’année comme par ex­em­ple les par­tenaires. En ce mo­ment, en cette année Olym­pique, j’ai des par­tenaires qui me suivent en­core plus. Par ex­em­ple, j’ai un nouveau par­tenaire (GFI In­for­matique) qui m’a ac­compagné durant toute cette prépara­tion, et ce qui était in­téres­sant aussi c’est que les col­laborateurs de GFI In­for­matique pour­ront pre­ndre part au 20 km de Paris. On a une motiva­tion com­mune, c’est-à-dire un ob­jec­tif. Moi ce sera les JO et eux les 20 km de Paris. Il y a une émula­tion et un soutient mutuel et c’est motivant aussi dans cette journée d’entraine­ment qui est pas toujours facile, dans des con­di­tions quel­que fois météo cap­ricieuse comme on l’a connu ces de­rni­ers temps. C’est une motiva­tion de se sen­tir soutenue par tous les par­tenaires qui m’en­tourent, et l’équipe médicale et para­médicale qui me suit à lon­gueur d’année.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Parce que souvent on a la vis­ion d’une per­son­ne qui court qui est tout le temps seule. Toi, tu es en­tourée par une équipe pour pouvoir t’aider au quotidi­en.

Chris­telle Daunay : Tout à fait. Je m’entraine seule, c’est vrai. Par con­tre, c’est mon quotidi­en puis­que sur marat­hon féminin, les aut­res fil­les sont un petit peu loin, donc pour s’entrain­er en­semble au niveau chronomét­rique c’est pas sim­ple. Je suis un petit peu meil­leure et j’ai be­soin plutôt de per­son­nes plus for­tes. Mais ce n’est pas facile au quotidi­en de trouv­er des gens dis­ponib­les et qui habitent au même end­roit pour pouvoir s’amélior­er. Je m’entraine seule et c’est vrai que d’être en­tourée et être soutenue, ça fait du bien. On sait qu’on est at­tendue, que be­aucoup de per­son­nes pen­sent à moi, et même si c’est dif­ficile, j’y vais et je m’accroc­he pour aller vers cet ob­jec­tif.

Max­ence Rigot­ti­er : Ex­ac­te­ment. C’est im­por­tant d’avoir aussi du souti­en de l’extérieur pour dans les mo­ments dif­ficiles où on a un peu plus de mal, qu’on puis­se re­bon­dir et re­tourn­er co­urir sans aucun problème.

Chris­telle Daunay : Tout à fait. Le ment­al est im­por­tant et fait par­tie aussi du quotidi­en. Il n’y a pas que l’entraine­ment et tout ce qui en­toure la prépara­tion men­tale dans le sens où pour ar­riv­er au jour J en pleine forme. Il y a l’entraine­ment bien sûr, mais il y a aussi le fait d’avoir de l’am­bi­tion, de croire en soi, tout ce côté ment­al qui fait que c’est très im­por­tant aussi. Ça a une part dans la per­for­mance aussi, et pour être au top le jour J, il y a le physique et il y a le ment­al. Souvent, on peut retro­uv­er ces valeurs dans le par­tenariat qu’on a avec les différents par­tenaires puis­que ce sont des en­trep­rises souvent. Par ex­em­ple, GFI In­for­matique a ses valeurs où au sein de l’entrepr­ise, on a des ob­jec­tifs. Moi c’est le jour J, c’est le marat­hon, et les col­laborateurs c’est un ob­jec­tif différent, pas spor­tif, mais un ob­jec­tif qu’ils doivent at­teindre à chaque in­stant, et en fait au final il y a aussi le côté ment­al qui in­ter­vient. C’est pour ça qu’on par­tage aussi ces valeurs et on a des points com­muns qui font qu’au final, on va tous dans le même sens, et que ce soit un spor­tif ou un salarié, on est contra­ints à agir aussi avec son ment­al et c’est ça aussi qui fait qu’on va de l’avant et qu’on peut aller en­core plus loin dans ses li­mites.

Max­ence Rigot­ti­er : Ex­ac­te­ment. Quand il y a une réus­site, ce n’est pas qu’une réus­site in­dividuel­le, c’est une réus­site d’une équipe, et du coup la vic­toire est en­core plus belle.

Chris­telle Daunay : Tout à fait. Même si c’est l’athlète et le spor­tif qui court et qui a les jam­bes le jour du marat­hon, s’il est bien en­touré, comme on dit « quand tout va dans la tête, tout va ». Il y a non seule­ment les jam­bes et le fait de s’être bien en­trainé, mais il y a aussi le ment­al qui joue, et ce ment­al c’est soit le spor­tif qui le travail­le ou soit il est bien en­cadré toute l’année et tout va bien. Ce jour là, quoi qu’il en ad­vien­ne, il sera fort dans sa tête et réus­sira l’ob­jectif, et au moins ne pas re­grett­er de l’avoir fait. Et après, l’ob­jectif s’il est réussi tant mieux, même si des fois il y a des échecs, mais il faut savoir re­bon­dir après, et ça on sait faire après un petit temps de lat­ence pour digérer.

Max­ence Rigot­ti­er : J’imagine. Et con­cer­nant tes différents types d’entraine­ment, c’est des foot­ings de 2 ou 3 heures ? Des lon­gues séances de frac­tionné avec des 2.000 m – 3.000 m ou plus ? Quels sont un petit peu tes différents types d’entraine­ment lorsque tu prépares un marat­hon ?

Chris­telle Daunay : Les en­traine­ments du marat­honi­en, qu’on soit pro­fes­sion­nel ou amateur, sont iden­tiques je di­rais. La différence c’est que je m’entraine per­son­nelle­ment 10 à 11 fois par semaine. Le volume est plus im­por­tant. Mais je garde, tout comme les amateurs, des séances spécifiques pour gagn­er en vites­se ou du moins la con­serv­er durant cette prépara­tion marat­hon qui n’est pas que des sort­ies lon­gues, qui ne con­cer­ne pas que des sort­ies lon­gues ou des foot­ings de X km. Il faut aussi faire des séances de frac­tion­nés co­urts pour gard­er cette vites­se de base. Après, il y a aussi des sort­ies spécifiques, des séances spécifiques où là on travail­le un petit peu plus long. La séance type c’est 2 à 3 fois 5.000 m par ex­em­ple. Et après, s’incrus­tent des sort­ies lon­gues. Per­son­nelle­ment, je vais jusqu’à 35 km. Je ne dépasse pas ce kilométrage. Ce qui fait qu’en rajoutant des foot­ings, 1 à 2 par jour, j’ar­rive à une moyen­ne kilomét­rique de 180 km par semaine pen­dant ma prépara­tion marat­hon. Cette prépara­tion marat­hon dure 8 semaines me con­cer­nant puis­que comme je m’entraine à lon­gueur d’année, j’ar­rive avec un travail antérieur, avec de la vites­se, avec un travail spécifique sur les dis­tan­ces in­férieures. Ce qui fait que pour moi la prépara­tion spécifique marat­hon dure 8 semaines et non pas 10 pour ce qui con­cer­ne les marat­honiens je di­rais amateurs puis­que des fois pour eux, c’est dif­ficile de s’entrain­er à lon­gueur d’année et ils se con­sac­rent spécifique­ment à la prépara­tion marat­hon qui peut durer 10 semaines.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Par ex­em­ple, con­cer­nant une per­son­ne qui court sur 10 km, semi-marathon et qui se dit « de­main je souhaite préparer un marat­hon », com­bi­en de temps faut-il pour préparer un marat­hon ? 3 mois ? 4 mois pour réussir son marat­hon ?

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Chris­telle Daunay : Ce qui est im­por­tant, c’est de pouvoir tout d’abord bien gérer sa vie per­son­nelle, pro­fes­sion­nelle et familiale. Se lanc­er sur le marat­hon, déjà il faut en avoir envie, ce qui peut être…

Max­ence Rigot­ti­er : Si c’est une bonne chose…

Chris­telle Daunay : C’est une épre­uve quand même très dif­ficile. Même si des fois on se lance des chal­lenges comme ça « allez viens on va faire un marat­hon », il ne faut pas le pre­ndre à la légère. Déjà avoir envie, et avoir les moyens de s’entrain­er un mini­mum. Un mini­mum d’entraine­ment et de km pour pas souffrir, non seule­ment pen­dant le marat­hon, mais aussi après où la récupéra­tion sera très dif­ficile, voir se dégout­er de la co­ur­se à pied si ça a été très dur pen­dant ce marat­hon. Pour re­venir un peu au nombre d’entraine­ments, il faut se donn­er un ob­jec­tif de ce que la per­son­ne est cap­able de faire, c’est-à-dire 2 fois par semaine, 3 fois par semaine, en al­liant la pro­fess­ion, la famil­le. Il ne faut pas aller co­urir pour co­urir où des fois ça aug­mente la fatigue et c’est préjudici­able pour la suite, on en fait trop et on se dégoute après. Avant le marat­hon, c’est-à-dire avant les 10 semaines, je di­rais qu’il faut co­urir 2 à 3 fois par semaine, c’est très bien. Le plus régulière­ment pos­sible parce que c’est la régularité qui fera que le spor­tif, l’athlète sera de mieux en mieux, et si on arrête 1 semaine ou 2, on re­vient à 0, donc il faut re­par­tir. La pro­gress­ion sera en dents de scie. C’est vrai que plus la régularité se fait à lon­gueur d’année, plus le marat­hon sera ac­cessib­le. Après, dans les 10 semaines, là si la per­son­ne veut vrai­ment s’in­vestir pour réussir un ob­jec­tif, il faut es­say­er d’aug­ment­er le nombre de fois, 3 à 4 fois ce serait bien pour cette prépara­tion marat­hon pour at­teindre son ob­jec­tif, quel qu’il soit. Que ce soit de finir ou de co­urir en 4 heures, pour bien co­urir, dans de bon­nes con­di­tions et bien récupérer après.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Pour résumer, l’idéal est de s’entrain­er au moins 3 fois par semaine pen­dant 10 semaines pour préparer au mieux son marat­hon.

Chris­telle Daunay : Voilà. Je pense que c’est vrai­ment le mini­mum. Après, si la per­son­ne peut en faire plus, tant mieux, mais 3 fois en al­liant la vie pro­fes­sion­nelle, ce qui n’est pas toujours sim­ple, et la vie de famil­le, je pense que ça peut être bien. Après, c’est sur que l’athlète fera pas 2h24 au marat­hon, mais il peut réalis­er ses ob­jec­tifs sans souci.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Égale­ment, lorsque l’on pratique le marat­hon, il y a souvent un problème qui est assez dif­ficile à gérer, c’est ce qu’on ap­pelle le mur au 30ème-35ème km. As-tu déjà re­ssen­ti le mur où on ne peut plus co­urir, on com­m­ence à avoir des cram­pes ? Et si oui, com­ment fait-on pour re­pouss­er ses li­mites et ne pas ab­an­donn­er ?

Chris­telle Daunay : En effet, quand on parle marat­hon, on parle souvent du mur, du 30ème, du 35ème. Tout le monde en a peur et l’at­tend avec crain­te lors de son 1er marat­hon.

Max­ence Rigot­ti­er : Ex­ac­te­ment.

Chris­telle Daunay : Ce qui ne fut pas mon cas puis­qu’à ce jour j’ai couru 8 marat­hons et je ne l’ai jamais connu. Ce mur, c’est une bais­se de régime où l’or­ganis­me est épuisé et n’a plus les réser­ves pour avanc­er. C’est ce qui con­tribue à la marche, ou comme vous dites des cram­pes, et on est contra­int à march­er jusqu’au bout ou à re­prendre un petit foot­ing, mais vrai­ment très lent puis­que l’arrêt a été quasi fatal. Per­son­nelle­ment, je n’ai jamais connu ce problème. Cer­taine­ment parce que j’étais bien en­trainée, je m’étais bien al­imen­tée, bien ravitail­lée lors des différents ravitail­le­ments au cours du marat­hon. Je les fais peut-être dans de bon­nes con­di­tions parce que quel­ques fois la météo très chaude ou très froide peut contra­indre aussi à être préjudici­able sur marat­hon. Je suis toujours par­tie sur des bases qui étaient les mien­nes parce que souvent aussi, c’est dû à ce régime en début de co­ur­se, et l’or­ganis­me a puisé dans les dernières réser­ves avant ce 30ème ou 35ème km, et du coup il n’y en a plus pour les de­rni­ers km. Il faut es­say­er d’apprendre à gérer ce marat­hon et cette co­ur­se qui est très dure. Je di­rais aux marat­honiens qui vont faire leur 1er marat­hon de prévoir l’al­lure qu’ils ont mis en place durant leur en­traine­ment. La gard­er malgré l’eup­horie et malgré l’envie de faire bien et le fait qu’on ait les jam­bes légères au départ. On a toujours envie d’aller plus vite, mais il faut sur­tout gard­er des for­ces pour après le 30ème parce que la ligne n’est qu’au 42ème km.

Max­ence Rigot­ti­er : Ex­ac­te­ment. Toujours es­say­er de gard­er l’al­lure qu’on s’est fixé au départ. Et si on a mal­heureuse­ment ce mur du marat­hon, plus on l’aura tard, et plus ce sera facile pour ar­riv­er et franchir la ligne du 1er marat­hon ou de tous les marat­hons que l’on va ef­fectu­er. Et con­cer­nant tous les débutants qui nous éco­utent, quel mes­sage voudrais-tu faire pass­er pour les per­son­nes qui souhaitent se lanc­er dans la co­ur­se à pied dès de­main ? Quels sont les 3 con­seils que tu don­nerais à un débutant qui souhaite se lanc­er dans la co­ur­se à pied dès de­main ?

Chris­telle Daunay : Déjà, je leur souhaite la bi­en­venue dans la co­ur­se à pied qui est un sport for­mid­able où on peut faire de très be­lles re­ncontres et qui est facile à faire puis­qu’on chaus­se une paire de bas­kets et on peut co­urir par­tout. Donc déjà, je leur souhaite la bi­en­venue. Aussi, de pre­ndre son temps dans la pro­gress­ion de leurs ob­jec­tifs, dans le sens où souvent ce sont les vacan­ces. Ou la per­son­ne par ex­em­ple a décidé d’arrêter de fumer et se lance à fond dans la co­ur­se à pied quit­te à aller co­urir tous les jours ou pre­sque la 1ère semaine, et au final à la fin de cette 1ère semaine, elle en a trop fait et elle est fatiguée, elle arrête 3 semaines et n’a plus envie de co­urir. Il faut vrai­ment mettre une pro­gress­ion tran­quil­le­ment au départ, parce que les ef­fets de la co­ur­se à pied, le bien-être, le fait d’être moins es­soufflé, d’être moins fatigué, ça va venir pro­gres­sive­ment avec le temps, ça ne vient pas du jour au len­demain. Pour­quoi pas al­tern­er marche et co­ur­se au départ, suivant le niveau de chacun et d’inclure pro­gres­sive­ment de la co­ur­se et au final ne faire que co­urir au bout de quel­ques semaines. Je di­rais de ne pas en faire trop d’un coup pour ne pas se dégout­er et pouvoir con­tinu­er cette pro­gress­ion tran­quil­le­ment, qui amènera au plaisir de co­urir sans dif­ficulté et de pre­ndre un grand plaisir à co­urir. De­uxième­ment, c’est, pour­quoi pas, si c’est pos­sible pour la per­son­ne, de co­urir en groupe parce qu’il y a toujours une émula­tion. C’est toujours sympa de co­urir en groupe, on se donne des rendez-vous. Il y a toujours une émula­tion. Le côté groupe, il y a toujours eu une pro­gress­ion aussi, donc c’est toujours in­téres­sant. Il y a une pro­gress­ion de groupe, mais il faut aussi gard­er sa pro­pre al­lure. Il faut aménager ce temps de vie com­mune avec un mo­ment où on démarre tous en­semble et on est con­tents de faire l’entraine­ment en­semble, et après chacun trouve sa pro­pre al­lure pour ne pas être en sur régime. Co­urir en groupe, je pense que c’est un bon moyen. Il y a toujours un club près de chez soi pour y aller. Le troisième con­seil, c’est de gard­er un côté ludique dans la co­ur­se à pied. Il y a toujours les foot­ings bien sûr qui font pro­gress­er et puis se mettre des petites séances pour éviter la mono­tonie, alors des séances de côte, des séances de frac­tion­nés co­urts. Ne pas re­st­er toujours sur des foot­ings tout sim­ples, même s’ils font pro­gress­er, mais se mettre des petits chal­lenges de temps en temps et se faire des petites séances, et elles feront pro­gress­er de toute façon ces petites séances. Pas forcément sur piste, mais il y a toujours une forêt ou un petit parc, où vous faites un tour vite, un tour lent. Ce côté ludique est in­téres­sant pour la pro­gress­ion.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Pour résumer, 1. al­tern­er marche et co­ur­se pour re­prendre en douceur, 2. être dans une com­munauté ou en groupe ou en club pour toujours gard­er cette motiva­tion, et 3. vari­er vos séances, vos ex­er­cices pour toujours avoir ce côté ludique et apprécier la co­ur­se à pied.

Chris­telle Daunay : Voilà.

Max­ence Rigot­ti­er : Et con­cer­nant les stages que tu fais en co­ur­se à pied, quel est pour toi l’im­portan­ce des stages dans ta pro­gress­ion dans la co­ur­se à pied ?

Chris­telle Daunay : Comme je le dis­ais tout à l’heure, en in­troduc­tion, c’est que j’ai la chan­ce d’être athlète de haut niveau et donc je con­sac­re mon temps à la co­ur­se à pied, et la différence avec ma vie an­térieure de kiné, ma pro­fess­ion de kiné, j’ai pu rajout­er des stages, donc par­tir plus souvent à l’extérieur. Ce qui est in­téres­sant dans les stages c’est, quand on part à plusieurs puis­qu’un stage peut être col­lec­tif, c’est d’avoir une émula­tion comme je dis­ais pour les co­ureurs amateurs. De co­urir en groupe, c’est toujours… il y a une émula­tion, c’est sympa, on est con­tents de se retro­uv­er. Ça casse la mono­tonie de s’entrain­er seul. On retro­uve des athlètes de notre niveau, ça per­met de nous faire pro­gress­er, d’éc­hang­er aussi sur les con­seils, sur la pro­gress­ion, l’entraine­ment, c’est in­téres­sant. Après, il y a ce côté chang­er de lieu. On s’entraine à lon­gueur d’année au même end­roit, et ça per­met d’aérer, de co­urir à la mon­tagne, à la mer, ou en al­titude pour ceux qui sont adep­tes de l’al­titude. Il y a ce côté chang­er d’air comme on dit pour pro­gress­er aussi. La dernière chose dans ces stages, on con­sac­re en­core plus de temps à la co­ur­se à pied, dans le sens où on est pris en char­ge à 100%, on est dans des struc­tures où on ne fait pas à man­g­er, où on court, on dort, on mange, on se détend, alors que chez soi on a toujours…

Max­ence Rigot­ti­er : C’est par­fait pour re­st­er.

Chris­telle Daunay : Ça fait du bien de temps en temps. Peut-être pas tout le temps parce qu’à la maison on a toujours de l’ad­ministratif, des rendez-vous à gauc­he et à droite, et des fois il y a des mo­ments, par ex­em­ple près des JO, c’est vrai qu’il vaut mieux se con­sacr­er à son en­traine­ment plutôt qu’à de l’ad­ministratif ou d’avoir des rendez-vous à droite et à gauc­he. On se con­sac­re à 100%. Mais il ne faut pas le faire tout le temps parce qu’après être à 100% dans la co­ur­se à pied, il faut aussi s’évader et pouvoir gard­er un con­tact avec la société parce que bon le monde de la co­ur­se à pied c’est un petit milieu. C’est bien aussi de pre­ndre les con­seils et d’avoir de l’en­tourage autre que des athlètes. De l’en­tourage qui vous fait oub­li­er un peu la co­ur­se à pied.

Max­ence Rigot­ti­er : Ex­ac­te­ment. Et du coup, pour finir sur une dernière ques­tion, quel­le est ton al­imen­ta­tion les 2 ou 3 jours avant le départ d’un marat­hon ? Et quel­le est aussi ton al­imen­ta­tion 1 ou 2 jours après la co­ur­se ? Qu’est-ce que tu man­ges con­crète­ment ?

Chris­telle Daunay : C’est vrai que l’alimen­ta­tion pour le marat­hon est im­por­tante. Les 2 ou 3 jours avant le marat­hon, il faut aug­ment­er les suc­res lents pour faire les réser­ves pour avoir assez d’éner­gie pour le jour du marat­hon. Par ex­em­ple, si le marat­hon est le di­manche matin, jusqu’au samedi midi, il faut charg­er, donc il faut man­g­er plus de féculents que d’habitude. Après, il faut aussi éviter, suivant l’or­ganis­me, suivant chacun, on est tous différents, mais j’évite les laitages, j’évite les fruits et les légumes crus pour éviter les désagréments in­tes­tinaux pen­dant la co­ur­se qui peuvent ar­riv­er régulière­ment. Si les per­son­nes peuvent les sup­port­er, il ne faut pas les nég­lig­er non plus, mais je sais que je préfère les éviter pour ne pas avoir ces problèmes in­tes­tinaux pen­dant la co­ur­se. Le samedi soir, je mange nor­male­ment, c’est-à-dire que je mange des suc­res lents bien sûr, de la vian­de blanche ou du pois­son, mais je ne me gave pas parce que les réser­ves sont faites. Il faut man­g­er raison­nable­ment parce qu’après on ris­que de per­turb­er la di­ges­tion. On aura trop mangé, le marat­hon est de bonne heure, donc on se lève de bonne heure, on a envie de se co­uch­er tôt, et se co­uch­er tôt ça veut dire dor­mir sur la di­ges­tion, et si on a trop mangé on ne va pas dor­mir de la nuit, on va cog­it­er et ça sera une nuit blanche avant le marat­hon. Donc il faut man­g­er, mais les réser­ves sont faites, il n’y a pas be­soin de sur­charg­er le soir. Le matin, je mange un gâteau énergétique avec un petit café. Sac­hant qu’une al­imen­ta­tion nor­male avec du pain, be­ur­re, con­fi­ture, miel est tout à fait pos­sible, en évitant les jus de fruit quand même, les fruits crus et les laitages pour éviter, comme je le dis­ais tout à l’heure, les problèmes in­tes­tinaux. Après la co­ur­se, l’es­tomac re­prend sa place quel­ques heures après et on re­man­ge des suc­res lents pour re­faire les réser­ves, de la vian­de blanche, du pois­son… un petit peu le même repas qu’avant le marat­hon et le soir ou le len­demain, on peut se faire plaisir quand même en man­geant un bon petit gâteau et des frites, un petit peu de grais­ses sans problème. Après c’est l’envie qui fait qu’on souhaite man­g­er du gras ou pas, parce que des fois l’es­tomac est un peu per­turbé par ces quel­ques heures de co­ur­se et on n’a pas toujours envie de man­g­er.

Max­ence Rigot­ti­er : D’ac­cord. Pour résumer, du jeudi au samedi tu man­ges be­aucoup plus de féculents et de suc­res lents, et le matin même, avant le marat­hon, tu pre­nds un petit café avec une barre énergétique.

Chris­telle Daunay : Plutôt un gâteau énergétique, une part de gâteau.

Max­ence Rigot­ti­er : Un gâteau énergétique. Com­bi­en d’heures avant le marat­hon ? 4 heures ?

Chris­telle Daunay : 3 heures.

Max­ence Rigot­ti­er : 3 heures avant le marat­hon.

Chris­telle Daunay : Voilà.

Max­ence Rigot­ti­er : OK. En tout cas, merci d’avoir ac­cepté cette in­ter­view. Égale­ment, on peut te retro­uv­er sur ton blog le blog de Chris­telle Daunay où tu évoques un petit peu ta vie de co­ureur pro­fes­sion­nel avec tes dif­féren­tes ex­péri­ences dans la co­ur­se à pied. C’est très in­téres­sant de voir un petit peu ton quotidi­en.

Chris­telle Daunay : Tout à fait en effet. J’ai un blog que je tiens à jour et où je donne quel­ques infos, je par­tage avec les aut­res marat­honiens ou co­ureurs sur route ou athlètes tout simple­ment la pass­ion de la co­ur­se à pied.

Max­ence Rigot­ti­er : OK. En tout cas, merci une nouvel­le fois. Bon co­urage pour les Jeux Olym­piques de Londres, avec j’espère à la clé une ex­cel­lente per­for­mance. Et je te dis à bientôt.

Chris­telle Daunay : Très bien. Merci be­aucoup pour cette in­ter­view et j’espère port­er haut les co­uleurs de l’équipe de Fran­ce. Au re­voir.

Max­ence Rigot­ti­er : Merci et bon marat­hon des Jeux Olym­piques de Londres.

Chris­telle Daunay : Merci. Au re­voir.

Max­ence Rigot­ti­er : J’espère que cette in­ter­view vous a plu. Partagez-la sur Facebook ou sur Twitt­er. Dites-moi égale­ment dans les com­men­taires du blog ce que vous avez pensé de cette in­ter­view. Cela me fera plaisir de lire votre op­in­ion. Égale­ment, vous pouvez me retro­uv­er sur mon blog en tapant dans Goog­le « blog co­ur­se à pied« . Et j’offre de nouvel­les in­ter­views des meil­leurs athlètes français, ainsi que de nombreuses vidéos par rap­port à la co­ur­se à pied, que ce soit de niveau débutant, in­ter­médiaire, ou con­firmé.

Par­tagez cette in­ter­view sur facebook ou twitt­er

Et-vous, qu’est-ce que vous man­gez les 2 ou 3 jours avant le début de votre marat­hon ? Laissez-moi votre ex­péri­ence dans les com­men­taires du blog juste en de­ss­ous. ;)

7 Commentaires

  •    Répondre

    Super interview! Je l’écoute un peu tard, mais je viens de découvrir votre blog: une mine d’or d’interviews pour apprendre des meilleurs!

  •    Répondre

    Salut Maxence

    Alors je cours acheter de la farine et du miel, je fais ce fameux gâteaux, et je cours 10 km en une demi-heure lol

    Je vais quand même essayer de le faire ce gâteau, comme ça, pour voir

    PS: Ici l’entrainement continu, course, fractionné, muscu… je cours 13km en 1h15 c’est bon ça :)

    @+

    • Salut Stephane,

      Je te rassure, tu n’es pas obligé de manger ce gâteau pour courir vite. ;)
      C’est bien si la progression ait lieu petit à petit. ;)
      A très vite pour la suite des évènements.

  •    Répondre

    J’ai encore un peu de boulot … ;)

  •    Répondre

    Merci pour l’interview que j’ai beaucoup apprécié. On retrouve une nouvelle fois les mêmes ingrédients. Le mental et y aller progressivement.
    Une de mes profs va faire le Marathon d’Osaka avec un entrainement d’une heure par semaine. Je l’ai mis en garde et cette interview me confirme que cela a de grandes chances de mal se passer par manque de préparation. C’est une course difficile, ce n’est pas comme un 10 km où on s’en sort toujours même en étant très débutant.
    Cela me donne envie de préparer aussi le marathon mais en me préparant bien et en ne faisant pas n’importe quoi.

    A+ et merci pour tous les conseils.

    • Salut Jonathan,

      Concernant ta prof pour le marathon d’Osaka, je pense que cela va être très dur
      pour qu’elle de finisse son marathon. :(

      Si elle fait juste 1 heure de jogging par semainee, j’hallucine si elle va au bout
      du marathon car les crampes vont être présente vers le 20-25ème kilomètre. :(

      A très vite.

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