Quoi faire la dernière semaine avant votre marathon ?


Dernièrement, j’étais avec Dominique Chauvelier (4 fois Champion de France sur Marathon) au Salon Running Expo à Paris. Il vous donne des conseils pour vous dire ce qu’il faut faire la dernière semaine avant votre marathon.

Transcription texte de l’interview  :

Maxence Rigottier : Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de blog-course-a-pied.com. Aujourd’hui, je suis avec Dominique Chauvelier qui a été champion de France à quatre reprises sur Marathon et sélectionné aux Jeux olympiques. Tu as également un record personnel au marathon de 2 h 11 minutes et 24 secondes. Au cours de cette petite interview, on va voir ensemble comment réussir votre marathon. Tout d’abord, est-ce que tu peux te présenter et nous expliquer tes débuts dans la course à pied jusqu’à aujourd’hui ?

Dominique Chauvelier : Bonjour à tous. Dominique Chauvelier, moi j’ai quarante cinq ans de course à pied. J’ai couru à une époque où ça ne se faisait pas, c’est-à-dire on est dans les débuts des années 70. J’ai commencé à 13 ans. Par contre, mon premier marathon, c’était à 23 ans, ce qui était relativement jeune à l’époque. Vous voyez que le marathon ne tue pas parce que j’ai dû en faire une centaine à peu près. Aujourd’hui j’ai 58 ans et je suis toujours en pleine forme. Souvent, on dit « ne faites pas du marathon trop jeune », ça s’est faux. C’est l’excès de marathon qui ne serait pas bon. Faites un marathon, même jeune à 22, 23, 24 ans, c’est possible. Mais récupérez bien avant d’en faire un autre.

Ma carrière est basée sur des passions. Passionné par la course à pied, le cross country. J’ai fait huit fois les championnats du monde de cross, et puis à partir de 23 ans, tous les grands marathon mondiaux, les championnats du monde, les Jeux olympiques, les championnats d’Europe, les New York, Pékin, Chicago, etc … Donc une vie de marathonien et de passion.

Maxence Rigottier : déjà une première fausse croyance que l’on peut avoir : si vous avez moins de 25 ans comme moi, c’est de dire « ah non ce n’est pas fait pour nous »

Dominique Chauvelier : non ça s’est faux. On voit bien les petits coureurs kényans, éthiopiens, même si c’est l’Afrique, au niveau génétique c’est autre chose. Mais ils font des 2 h 04 au marathon et ont 22, 23 ans. L’Italien qui était champion olympique il n’y a pas très longtemps, à Athènes, avait démarré le marathon à 22, 23 ans. Benoît Z en France a fait du marathon à 22, 23 ans. Donc n’ayez pas peur, et je vous le dis encore, c’est l’excès qui peut cramer quelqu’un. Si on reste à faire de la qualité, on peut faire du marathon jeune.

Maxence Rigottier : aujourd’hui, on est au salon Running expo, demain il y a le marathon de Paris. Quels sont les conseils que tu pourrais donner aux coureurs la dernière semaine avant votre marathon ?

Dominique Chauvelier : allez on y va même si c’est un peu trop tard ! Si on est à 24 heures, c’est presque de ne rien faire du tout. Souvent le coureur a envie de se rassurer, de rajouter une petite séance, de faire des lignes droites, du fractionné pour voir si les jambes tournent bien. Et ça c’est faux. Il suffit d’attendre, donc il faut être fort dans sa tête. Vous avez fait tout ce qu’il fallait depuis deux mois, trois mois, et dans les dix derniers jours, parce que l’on parle de la dernière semaine, mais dans les dix derniers jours, pour moi c’est vraiment de l’entretien. L’entretien c’est un footing de 30 minutes, repos le lendemain. Peut-être qu’un jour ça va être 50 min ou une heure, pendant deux jours repos, du repos, du repos, du repos pour arriver frais. Naturellement, trois jours avant la course, on commence son régime hyper-glucidique, le fameux Malto qui est une boisson qui se boit. Ce sont des nouilles liquides, ça vous évite de manger des pâtes. Donc on fait une réserve de glucides les trois derniers jours, c’est-à-dire jeudi, vendredi, samedi, on mange des pâtes ou on boit du Malto. Et là aussi il suffit d’attendre, peut-être un petit footing le samedi, d’un quart d’heure, 20 minutes, parce que l’on a voyagé, on a fait de la voiture. On arrive à l’hôtel, on a envie de se délasser, on a été au village expo ici aujourd’hui, donc voilà, c’est l’histoire de se faire du bien. Et puis on arrive la nuit ou l’avant veille, on est un peu énervé, excité, on est peut-être à l’hôtel et on sait que l’on a une course. On va peut-être mal dormir. Là aussi ce n’est pas grave même si vous dormez très peu de temps. Ce qui compte ce sont les heures de sommeil dans les jours précédents. Ne stressez pas parce que vous avez vraiment mal dormi cette nuit. Ne vous inquiétez pas, sur la ligne de départ, tout se passera bien et l’adrénaline reviendra. Ensuite, on arrive le matin de la course. Prévoyez d’arriver bien en amont sur le lieu de course, parce que c’est quand même 40 000 personnes qui arrivent sur un petit espace, donc on arrive bien avant pour repérer où sont les vestiaires, les sas, etc... Ensuite, on va dans les sas. On a les meneurs d’allure. On ne peut pas s’échauffer mais ne paniquez pas parce qu’il faut rentrer dans les sas. Mais un marathon, il faut être prudent au début et une fois que le coup de pistolet est là, c’est parti ! Suivez les bons meneurs d’allure, soyez prudent dans la première partie de course et tout va bien se passer.

Maxence Rigottier : par rapport au temps de passage, est-ce que tu conseilles de partir un peu plus vite que son temps de passage, le respecter à 100 % ou alors aller un peu moins vite ?

Dominique Chauvelier : le fameux «négative split», c’est-à-dire de faire la deuxième partie plus vite que la première, cela est vraiment très rare, sachant qu’à Paris, la deuxième moitié est un peu plus dure que la première. La première est vraiment facile. Non moi ce que je conseille, vous courez quatre heures au marathon, vous passez à 1 h 59 au semi, cela suffit. Soyez le plus régulier possible, et même en étant le plus régulier possible, dans les derniers kilomètres, vous allez déjà serrer les dents.
Vous avez les fameux meneurs d’allure. Essayez de bien respecter vos allures, vous vous mettez sur un meneur d’allure et vous vous cachez bien en ne mettant pas le nez à la fenêtre, et tenez tenez. Soyez prudent, c’est 42 kilomètres à allure constante. C’est mon avis.

Maxence Rigottier : l’idéal est de respecter au maximum vos temps de passage et être le plus régulier.

Dominique Chauvelier : à vous de bien vous connaître naturellement ! Ne pas vous surestimer ou vous sous-estimer.

Maxence Rigottier : concernant l’alimentation les deux ou trois derniers jours avant le marathon, est-ce qu’il y a des aliments spécifiques à manger ? Comment procède-on à trois, quatre jours d’un marathon ?

Dominique Chauvelier : on fait un régime hyper-glucidique, on recharge le glycogène qui nous servira de carburant pour les derniers kilomètres du marathon, donc les sucres lents, du riz, des pâtes, des pommes de terre. C’est les trois derniers jours où on mange que cela. Alors une petite viande blanche, un poisson etc… mais on évite les charcuteries, et aussi les salades et tout ce qui est fibre pour éviter les problèmes digestifs. Vous laissez tomber les légumes verts et les salades. Tout se passera bien. Maintenant, il y a des boissons liquides, comme je disais tout à l’heure, qui s’appelle le Malto. Ce sont des nouilles liquides. Je vais citer une marque, chez Overstims, il y a le fameux Malto. Vous buvez cela à longueur de journée, ce qui vous fait une recharge pour votre glycogène, vos sucres lents. On essaie de faire attention à ça, et buvez toujours beaucoup d’eau, pour drainer. Le conseil : faites des pipis blancs, quand vous faites pipi blanc c’est que vous êtes assez hydraté.

Maxence Rigottier : n’oubliez pas de boire et de faire le plein d’énergie avant votre marathon. Pour finir sur une dernière question, tu évoquais, hors interview, que tu avais 58 ans et que cela fait déjà 45 ans que tu cours. Jusqu’à quel âge comptes-tu courir et qu’est-ce que tu aimes dans le simple fait de courir ?

Dominique Chauvelier : il n’y a pas d’âge, on peut faire du marathon à 70 ans ! A New York, il y avait une dame qui avait 80 et quelques années. Il n’y a pas d’âge. Moi j’ai commencé à 13 ans, j’en ai 58. En un mot, c’est la passion, être passionné par ce que vous faites, par le sport, de partager mon expérience. C’est cela qui me fait durer. J’aime la compétition, avoir un dossard sur le ventre, même si mes performances ont bien diminué, hélas ! Mais ça, ça s’appelle la vieillesse. Je suis un compétiteur, un passionné. 

Maxence Rigottier : si vous avez aimé la vidéo, partagez-la à tous vos amis coureurs et si vous avez des questions, n’hésitez pas à les mettre dans les commentaires juste en-dessous.

Dominique Chauvelier : allez cela va bien se passer ! A plus !

Maxence Rigottier : Bon marathon, bon courage et à bientôt

Dominique Chauvelier : Bye !

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