Récemment, je vous ai demandé de me poser toutes vos questions pour que je puisse vous aider davantage. Aujourd’hui, dans cette vidéo 100 % blessures, je suis avec Daniel Benjamin qui est podologue du sport. Au centre Voltaire à Paris, il donne les réponses aux questions des lecteurs du blog vis-à-vis des blessures.
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Maxence Rigottier : Bonjour à tous, ici Maxence Rigottier de www.blog-course-a-pied.com. Aujourd’hui, je suis au centre Voltaire à Paris avec le podologue Daniel Benjamin. Si vous ne le connaissez pas, il est spécialiste des orthèses, il a un degré en podologie, un diplôme universitaire en podologie appliqué au sport, un certificat européen de la podologie médicale. Au cours de cette vidéo, il va tout simplement répondre aux questions des lecteurs du blog. Dernièrement j’ai posté une vidéo où je vous ai demandé de me poser toutes vos questions, et aujourd’hui j’ai décidé dans cette vidéo synthétique de répondre aux questions par rapport aux blessures des lecteurs du blog. Tout d’abord, je vais laisser Daniel se présenter un petit peu et ensuite nous allons répondre aux différentes questions. Salut Daniel.
Daniel Benjamin : Salut Maxence.Je suis un podologue spécialisé dans les orthèses plantaires et semelles orthopédiques. Ça représente l’intégralité de mon activité professionnelle. Je fais beaucoup de podologie du sport du fait que j’ai un diplôme universitaire en podologie du sport. Je fais également un master en biomécanique humaine, tout ce qui est analyse de mouvements, de marche, de foulée… qui va sûrement entrainer une thèse et un doctorat dans la foulée, dans le même milieu. On va faire des analyses de tout ça pour faire toutes les analyses de la foulée dans le cadre de la podologie du sport.
Maxence Rigottier : Ici c’est le matériel qui est parfait pour exercer son métier.
Daniel Benjamin : Oui là c’est très bien parce que là on a la chance d’avoir un tapis de course qui dispose d’une plate-forme de force en dessous. Ça permet de voir comment la répartition des pressions et de force se font. Ça permet d’analyser tous les paramètres de force et de pression. Également tous les paramètres spatio-temporels de la foulée qui sont également très importants dans les analyses en podologie du sport.
Maxence Rigottier : D’accord. Donc maintenant nous allons répondre à la 1ère question qui est une question de Lucie : « Bonjour Maxence, je me suis fait une fracture de fatigue de l’astragale fin avril. J’ai eu une botte sans appui pendant 6 semaines et reprise de la marche après. L’orthopédiste m’a dit que je pouvais reprendre la course en septembre mais j’ai peur de me refaire mal. Je ne sais pas comment reprendre. Je cours 2 fois par semaine 5 km, surtout sur piste et parfois à moitié dans la ville et à moitié dans la forêt. Merci de m’éclairer. » Que doit faire Lucie par rapport à cette appréhension vis à vis de cette fracture de fatigue.
Daniel Benjamin : Elle n’a pas trop eu de chance parce que la fracture de fatigue de l’astragale qui s’appelle le thalus maintenant en nouvelle nomenclature…
Maxence Rigottier : Ça a changé de nom de fracture de fatigue du talus.
Daniel Benjamin : Ce talus malheureusement, quand tu as une fracture de fatigue dans cette zone là ça peut être compliqué à gérer. Alors bien évidement il y a le traitement qui a été mis en place, c’est à dire botte plâtrée sans appui, c’est bien évidement le traitement de base pour lutter contre ça. Il y a plusieurs zones de fractures de fatigue sur l’astragale. Le talus c’est vraiment un os assez particulier, c’est un os quasiment intégralement recouvert de cartilage, qui est assez peu vascularisé. Du coup, lorsqu’il y a une lésion de l’astragale il y a pas mal de surveillance à avoir parce qu’il y a des risques de nécrose de cet os. Je ne dis pas que ça va arriver à Lucie, loin de là, de toute façon elle est sous surveillance par rapport à ça donc il n’y a pas de problème. Mais effectivement c’est quand même assez compliqué à gérer parce que le talus c’est l’os de l’articulation de la cheville, c’est à dire que tu as les 2 malléoles, la malléole tibiale et la malléole du péroné, et ça forme un pince, ce que l’on appelle une orthèse pour bien tenir ce talus, et cette articulation tibio-talienne permet vraiment de faire de la flexion et de l’extension de la cheville. Il faudra faire attention. Effectivement, elle va pouvoir reprendre le sport si tout se passe bien, sans problème, et qu’il n’y a pas de lésion secondaire ni séquellaire de ça, mais par contre, il est plutôt recommandé d’aller consulter un podologue du sport par rapport à ça pour potentiellement lutter contre les troubles statiques ou les troubles de la foulée. Et également, ça va être important dans son cas d’amortir sa foulée au maximum pour éviter qu’il y ait des contraintes préparatoires trop importantes qui fassent vaciller les lésions ou favorisent les lésions secondaires ou séquellaires.
Maxence Rigottier : Donc l’idéal serait peut-être d’avoir une semelle orthopédique amortissante ?
Daniel Benjamin : Déjà ce serait de faire la consultation pour voir si le podologue repère qu’il y a des troubles de la foulée, du pied, de la cheville ou même de la jambe par rapport au pied, ça pourrait même être assez intéressant de consulter sur ça pour limiter tout danger potentiel autour de cette lésion.
Maxence Rigottier : D’accord. Donc n’hésite pas à consulter un podologue pour en savoir plus sur ton pied et soigner tout ça à 100%.
Daniel Benjamin : C’est très important. Elle n’a pas eu de chance malheureusement.
Maxence Rigottier : C’est peu fréquent.
Daniel Benjamin : Ce n’est pas la blessure la plus fréquente et c’est à surveiller. C’est assez embêtant.
Maxence Rigottier : Bon courage Lucie pour ton rétablissement dans le futur. Maintenant une question d’Hanna : « Bonjour Max, depuis une année d’utilisation de semelles pour la course à pied je remarque une déformation progressive de mes grands orteils. Enfin, j’ai le fameux Hallux Valgus au niveau du pied. Dois-je intervenir chirurgicalement ? »
Daniel Benjamin : L’hallux valgus, ça aussi c’est un gros problème. C’est la déformation du gros orteil quand on se trouve avec une bosse sur le côté du pied avec le gros orteil qui part vers l’extérieur. Anna parle d’utilisation de semelles pour la course à pied, je ne pense pas que ça ait un rapport avec l’Hallux valgus qui est une pathologie héréditaire, ce qu’on appelle une arthropathie dégénérative inflammatoire. Par définition c’est une pathologie qui va se mettre en place et qui va « forcément se déformer et s’aggraver progressivement ».
Maxence Rigottier : D’accord. Donc on ne peut pas vraiment lutter contre cela.
Daniel Benjamin : Si tu peux limiter la dégradation et les dégâts au plus possible en adaptant tes chaussures et en portant des semelles orthopédiques, mais ça peut ne pas être suffisant. Tu as des personnes qui malheureusement, des jeunes, des jeunes filles entre 16 et 20 ans qui ont les pieds assez déformés malgré le fait qu’elles appliquent les bons conseils parce que c’est un hallux valgus assez agressif qui s’est développé rapidement. Pour l’intervention chirurgicale, il faut bien connaître tous les tenants et les aboutissants de cette intervention et il faut surtout mesurer le bénéfice risque à faire une intervention chirurgicale. Honnêtement si ton hallux valgus ne te gêne pas et n’est pas douloureux, il vaudrait mieux se passer d’ une intervention chirurgicale.
Maxence Rigottier : Si ça ne gêne pas plus que ça, ça ne sert à rien. Ce n’est pas la peine.
Daniel Benjamin : Si ça ne gêne pas plus que ça et que c’est simplement pour l’aspect esthétique, il faut faire très attention parce que des douleurs post-opératoires qui persistent à vie ça existe. Ça peut arriver.
Maxence Rigottier : Tu vois des fois des patients qui…
Daniel Benjamin : Oui. Du coup, moi comme je te disais, je ne suis peut-être pas la bonne personne à qui poser la question.
Maxence Rigottier : Ceux qui vont bien ne vont jamais venir te voir évidement.
Daniel Benjamin : Ceux pour qui ça se passe bien je ne vais pas les voir parce que tout va bien. Mais effectivement, j’en voie beaucoup pour qui ça s’est mal passé. C’est assez problématique. Après bien évidemment, si c’est réellement gênant pour le chaussage, que c’est douloureux constamment à l’appui et que ça fait mal… il faut intervenir chirurgicalement. Il n’y a pas vraiment d’autre choix. C’est à dire que les semelles orthopédiques peuvent potentiellement limiter certaines douleurs, limiter la dégradation de la pathologie, mais ça ne va jamais te remettre l’orteil droit ni te permettre de retrouver un pied 100% fonctionnel. Il faut mesurer le bénéfice risque. Rien n’empêche Anna d’avoir un avis chirurgical, de consulter un chirurgien qui pourra l’éclairer plus sur les techniques chirurgicales utilisées pour soigner cette pathologie, et voir avec elle si effectivement le bénéfice risque est bon pour elle et peut être faire une opération de cet hallux valgus. Mais en tout cas, mon conseil, si jamais ce n’est pas gênant ni douloureux, il vaut mieux repousser.
Maxence Rigottier : Si tu peux repousser ou attendre, n’hésite pas. Et si tu n’as vraiment pas le choix, là oui il faut se faire opérer pour guérir ce problème.
Daniel Benjamin : Tout à fait, mais il faut faire attention avec ça.
Maxence Rigottier : Bon courage Hanna. Maintenant une question de Stéphane : « Salut Maxence, je fais 3-4 sorties par semaine, la sortie du dimanche je la consacre à la sortie longue 1h15-1h30, j’aimerais savoir combien de temps on peut courir à l’entraînement, pas en compétition, sans prendre de risque pour son intégrité physique. » Stéphane veut donc prévenir d’éventuelles blessures, c’est une bonne idée. Quels conseils pourrais-tu lui donner ?
Daniel Benjamin : C’est une question très large. Les limites sont en fonction de toi. Si jamais tu lis le livre qui a fait fureur sur la course à pied « Born to run » de Macdougall, tu peux courir plusieurs dizaines de km par jour sans problème. T’es fait pour ça. C’est vrai que les anthropologues ont tendance à mettre en avant qu’on est des animaux équipés pour l’endurance et notamment pour la course à pied. Cela dit il faut faire en fonction de son ressenti physique. Si jamais Stéphane pendant 1h15-1h30 n’a aucun problème et qu’il peut pousser un peu plus, il peut le faire. Si au bout de ce temps là il sent que ça fatigue, il sent qu’il est pas bien… c’est qu’il a peut-être atteint sa limite et que pour aller plus loin il lui faudra faire des entraînements un peu plus spécifiques. En tout cas, il n’y a aucune généralité sur ça. Il y a des gens qui ne courent pas beaucoup et qui se blessent, et il y en a qui courent énormément et qui se blessent pas. La quantité d’entraînement bien évidemment joue sur la blessure, mais comme je te disais, ce n’est pas non plus… Le surentraînement existe et le surmenage existe et peut être douloureux, mais si jamais tu fais du sport et que tu n’as pas mal, que tu es à l’aise, il n’y a aucun problème, tu continues sur ton rythme, et si tu veux augmenter un peu tu peux augmenter un peu.
Maxence Rigottier : L’idéal c’est vraiment d’écouter son corps et son propre ressenti personnel pour continuer ou non à faire plus ou moins tant d’entraînements par semaine. Souvent, le surentraînement ou la blessure ont lieu aussi par rapport à l’augmentation brutale du nombre de km, mais si c’est une augmentation régulière logiquement il n’y a pas trop de soucis à avoir.
Daniel Benjamin : En général ça se passe plutôt bien.
Maxence Rigottier : N’hésite pas, si tu es vraiment à l’aise tu peux courir un peu plus, et en revanche si tu souffres de réduire ta cadence.
Daniel Benjamin : Exactement.
Maxence Rigottier : Maintenant, une question de Karine : « Par rapport aux blessures, pourrions-nous approfondir par rapport aux douleurs que nous ressentons au début de notre carrière de coureur ? En tant que débutante j’ai parfois peur de trop me pousser, ayant crainte de me blesser, ne sachant jamais avec certitude si la douleur que j’ai est normale ou non. Et également, je crois qu’il serait intéressant d’aborder le sujet de la sur-pronation ; sous-pronation. » Qu’est-ce que ce jargon spécifique ? Sur-pronation, sous-pronation ? Et également ces différentes douleurs qu’on peut avoir dans notre tête lorsque l’on pratique la course à pied. On se demande si c’est une blessure, des courbatures…
Daniel Benjamin : Il faut se dire qu’à partir du moment où tu vas faire du sport, que tu vas courir, il y a quand même de fortes chances que tu aies des douleurs musculaires à la sortie.
Maxence Rigottier : Ce qui est logique. C’est l’usure de ton organisme.
Daniel Benjamin : Voilà. Encore une fois, tout ce qui est question des douleurs, il faut voir s’il y a une certaine fréquence, une certaine récurrence dans les douleurs que tu ressens. Si effectivement à chaque fois que tu vas courir ou quand même très fréquemment tu as toujours la même gêne et le même problème qui ressort, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Si de temps en temps suite à de gros entraînements, tu as des douleurs par ci par là c’est parfaitement normal. Le tout encore une fois, c’est comme la question précédente, c’est s’écouter soi-même. Si jamais tu repères que dans la jambe, dans le pied, dans le genou, dans la hanche, fréquemment et de manière récurrente la douleur réapparait à chaque fois que tu fais un effort physique, il y a un problème et il vaut mieux consulter avant que ça ne devienne problématique et plus grave. Ensuite, pour tout ce qui est histoire de pronation, sur pronation, sous pronation, supination et tout ça, le mouvement de pronation au niveau du pied c’est la chose suivante, c’est à dire de coucher le pied vers l’intérieur. Là je suis en train de faire de la pronation de ma main. Et à l’inverse, quand je couche le pied vers l’extérieur, avec ma main je suis en train de faire de la supination. Évidemment il y a un idéal de foulée physiologique à avoir, je ne garanti pas que tout le monde peut l’avoir car ça dépend de comment on est « fichu », ton pied, ton genou, tes hanches, tes déséquilibres… Il y a beaucoup de monde qui est parfaitement axé et bien droit de partout. Ce qui se passe, quand on a un pied valgus (c’est à dire un pied hyper pronateur), on va avoir une foulée pronatrice et à faire trop de pronation avec le pied qui va vers l’intérieur. À l’inverse, souvent les coureurs que l’on appelle supinateurs ou sous pronateurs sont des coureurs qui ont tendance à avoir des pieds creux et les genoux qui partent vers l’extérieur. Du coup ça amène leur pied vers l’extérieur et ils ont ce qu’on appelle une foulée supinatrice. Je fais des grandes généralités. Ce n’est pas toujours le cas, mais je fais des grandes généralités pour que ce soit clair. Est-ce que ces foulées peuvent être potentiellement pathologiques ? Oui. Est-ce qu’elles le sont forcément ? Non. Il y a des gens qui courent très bizarrement. J’ai des patients qui viennent me voir et me disent qu’ils courent mal. Je les met sur le tapis, je les fais courir, je leur demande combien de fois par semaine et depuis combien de temps ils courent et ils me répondent 4-5 fois depuis 5-6 ans. Je leur demande s’ils se sont déjà blessés, ils me répondent que non. Si jamais le patient est à l’aise comme ça, qu’il ne se fait pas mal, je ne suis pas sûr que ça ait un grand intérêt de corriger ou de compenser, même à titre préventif parce que admettons qu’il ait réussi à « développer » une attitude, une foulée, une biomécanique autour de ça et qui lui convienne bien, s’il est à l’aise avec, je ne suis pas sûr que ça ait un grand intérêt d’y toucher. Par contre effectivement, si ça lui fait mal et que c’est pathologique, on va intervenir, en tout cas nous en podologie du sport on va intervenir par le biais des semelles orthopédiques. Mais j’avoue que les patients qui viennent me voir, qui n’ont pas de douleur et qui veulent juste faire un bilan mécanique et vérifier que tout va bien, très souvent ils repartent sans semelles orthopédiques.
Maxence Rigottier : C’est une consultation à titre préventif.
Daniel Benjamin : Oui. On en fait souvent. J’en ai pas mal qui viennent parce qu’ils courent en minimalistes donc ils sont un petit peu inquiets parce qu’ils courent pieds nus en minimalistes. Bien évidemment la 1ère chose que je ne vais pas faire c’est de leur dire de mettre des semelles orthopédiques. Donc on vérifie. Certaines personnes courent très bien en minimalistes et pieds nus. Donc à partir de là s’ils sont à l’aise et qu’ils courent bien, on y touche pas. C’est vraiment en fonction de chacun.
Maxence Rigottier : On se prend trop la tête par rapport à tout ça.
Daniel Benjamin : Exactement. Il ne faut pas forcément chercher à intellectualiser ou à faire comme les autres parce que ce qui se passe aussi c’est que tu te retrouves, dans des clubs de course à pied ou des clubs de sport, avec 4 personnes qui te disent « tu cours mal, moi je courais comme toi, j’ai eu ça comme problèmes… » On ne peut pas généraliser ça. L’ambiance générale et le contexte font que le patient vient consulter alors qu’il n’en a pas réellement forcément besoin. Il faut vraiment s’écouter, faire en fonction de soi. C’est ce qui fait la beauté de la discipline, c’est à dire que si jamais on pouvait tout généraliser je ne serais pas en train de consulter, il y aurait un ordinateur à ma place et ce serait réglé. Il faut faire en fonction de chacun, ne pas se laisser trop influencer par tout le marketing et la communication autour de tous les gadgets que tu peux retrouver dans le sport, tout ce qu’on met dans les chaussures… Il faut faire attention à tous les gens qui se proclament grands spécialistes de la course à pied parce qu’ils en font depuis longtemps ou parce qu’ils tiennent un magasin de sport… ça arrive très souvent, et du coup ils inquiètent les patients pour pas grand chose. Même quelqu’un qui courait très bizarrement ou très mal, s’il est capable de le gérer et que ça ne lui fait pas mal, je ne suis pas sûr encore une fois que ça ait un grand intérêt. On a notre appareil locomoteur et notre corps a une capacité d’adaptation assez impressionnante et si certaines personnes sont capables d’utiliser cette adaptation, tant mieux.
Maxence Rigottier : Si votre foulée n’est pas parfaite, ne paniquez pas. Si vous n’avez aucune douleur par rapport à tout ça, ça ne sert à rien de consulter un spécialiste.
Daniel Benjamin : Ils peuvent consulter histoire de faire un bilan avec un kiné, un ostéopathe ou un podologue. Ça peut être intéressant de voir avec eux et d’être averti de ce qui pourrait potentiellement arriver. Mais y a-t-il un réel besoin de mettre un traitement en place pour quelqu’un qui ne souffre pas ? Je ne suis pas réellement sûr.
Maxence Rigottier : D’accord. Maintenant une question de Farici : « Salut Maxence. Dernièrement je me suis fait des douleurs au niveau du talon. On m’a dit que c’étaient les épines calcanéennes. Merci de me donner ton avis sur ce problème. » Que sont ces épines calcanéennes ?
Daniel Benjamin : C’est une pathologie… C’est quelque chose d’assez drôle puisque les patients quand ils arrivent dans ton cabinet, la 1ère chose qu’ils disent c’est « j’ai mal à mon épine. J’ai un os qui pousse sous le talon », alors que ce n’est pas tout à fait ça en fait. On parle d’épine calcanéenne parce que lorsqu’on fait une radio dans certains cas, on va voir une espèce d’épine sous le talon qui apparaît et effectivement ça ressemble à une épine calcanéenne. On dirait littéralement qu’il y a un petit bout pointu qui sort de l’os et qui peut potentiellement faire mal. C’est loin d’être toujours le cas. Quand tu vois une épine radiologique, elle est pas forcément douloureuse. Et à l’inverse, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas l’épine à la radio que tu n’as pas ce problème là. Je vais t’expliquer pourquoi. Sous la plante du pied, il y a une grande gaine fibreuse qui s’appelle la peau névrose plantaire (qu’on ne va pas trop détailler parce qu’on va passer la nuit à décrire son utilité et à quoi elle sert) qui est grosso modo une hernie fibreuse qui est très importante pour le maintient de la structure du pied et qui a un aspect mécanique très important pour le pied. On va prendre le cas le plus fréquent. Cette peau névrose plantaire aide le maintient sur tout le pied, aide à maintenir la cambrure du pied, l’arche plantaire du pied. Par exemple pour quelqu’un qui a les pieds plats (je te prends volontairement un cas généraliste), son pied va s’effondrer sur sa peau névrose plantaire, ça va l’étirer de manière trop importante et du coup elle va avoir tendance à se fissurer au niveau du talon, c’est ce qui crée la douleur et c’est ce qui est douloureux. C’est ce qu’on appelle une enthésopathie infra calcanéenne. Parfois, si la lésion date d’il y a plusieurs mois, tu vas te retrouver avec une calcification du tissu fibreux. C’est à dire que comme n’importe quel tissu, qu’il soit fibreux ou ligamentaire, tu peux te retrouver avec des calcifications. Et c’est en faisant la radio qu’on voit l’épine. C’est la calcification, ce n’est pas l’os qui pousse bien que certaines études tendent à montrer qu’il y a une espèce de petite phase d’ostéosynthèse liée à ça, mais ce n’est pas le gros du problème. Il faut lutter contre ce type de pensée de dire que c’est l’épine qui fait mal. Dans le cas très classique (c’est vraiment le B.A.BA de la podologie) d’un pied plat avec une épine calcanéenne, le principal souci qu’on va rencontrer c’est d’essayer d’obliger ce pied à rester cambré et structuré en lui apportant du soutient notamment au niveau de l’arche plantaire et également tu vas avoir tendance à mettre une forme d’amorti au niveau du talon parce que ce qui est particulièrement douloureux c’est l’appui quand tu marches au niveau du talon lorsque tu poses le talon au sol c’est assez douloureux. Un autre signe qui est très classique c’est ce qu’on appelle la phase de déverrouillage matinal, c’est le fait d’avoir du mal à poser le pied par terre en début de journée, d’avoir du mal à marcher, c’est très douloureux.
Maxence Rigottier : Et du coup, quelle est à peu près la durée pour guérir ce souci ?
Daniel Benjamin : On va dire que dans la plupart des cas… Alors là on parle d’épines calcanéennes « mécanique », c’est à dire qui sont liées à une mauvaise position du pied parce que tu peux te retrouver avec des épines calcanéennes inflammatoires et ça c’est lié à d’autres pathologies. En général, le traitement le plus simple est de mettre des semelles orthopédiques au patient. On va dire que dans la plupart des cas ça se résorbe assez rapidement. Ça peut varier de 15 jours à 1 mois.
Maxence Rigottier : Donc entre 2 semaines et 1 mois.
Daniel Benjamin : Voilà. Mais ça doit aller mieux très rapidement. Il peut persister des douleurs résiduelles pendant quelques semaines mais ça va mieux très rapidement en général. Par contre, des fois tu rencontres des enthésopathies qui sont très récalcitrantes où même le traitement par semelles orthopédiques n’est pas suffisant et où les 2 gros traitements qui suivent derrière, ce sont des ondes de choc, on va venir percuter ton épine avec une espèce de pistolet avec un petit truc au bout. Tu dégustes avec ça, mais ça oblige la fibrose du tissu à nouveau, et de lutter contre la lésion puisque ça oblige un remaniement cicatriciel. Sinon, tu peux te faire infiltrer également, une infiltration de corticoïdes. La plupart du temps les semelles orthopédiques sont suffisantes mais c’est pas toujours le cas. Tu es obligé de passer par la case semelles orthopédiques pour ça. Tu n’as pas trop le choix. Après il arrive que des patients viennent te voir et te disent que ça va mieux mais qu’ils ont encore mal.
Maxence Rigottier : Donc là il faut faire des infiltrations.
Daniel Benjamin : Infiltrations ou ondes de choc pour voir ce que ça donne. Dans certains pays ça s’opère également, c’est pas trop conseillé de se faire opérer de ça, mais ça se fait dans certains pays.
Maxence Rigottier : D’accord. Maintenant une question de Jean-Michel : « Bonjour Maxence. Je viens juste d’arriver de courir 1h15 environ. Quel est le meilleur moyen de récupération après une course ? J’ai longtemps mal aux articulations, genoux, malgré des étirements. Merci pour tes conseils. »
Daniel Benjamin : Pour bien récupérer il faut bien s’étirer, bien s’hydrater et adapter son entraînement à sa forme physique. Ensuite, Jean-Michel nous décrit des douleurs articulaires. S’il y a des douleurs articulaires, ce ne sont pas les étirements qui vont l’aider plus que ça. Si effectivement il a mal aux genoux systématiquement après le sport, pareil, c’est typiquement un motif de consultation qu’il vaut mieux effectuer.
Maxence Rigottier : Si c’est récurrent il vaut mieux aller voir un spécialiste.
Daniel Benjamin : Voilà. Exactement. Si c’est récurrent et systématique, si à chaque fois que Jean-Michel s’arrête il a des douleurs dans le genoux, c’est que visiblement sa foulée n’est pas adaptée et c’est quelque chose à mettre sous surveillance parce que le genou du coureur à pied c’est quelque chose de très complexe et de potentiellement très ennuyeux. On parlait des lésions méniscales, des types d’arthrose, des tendinites qui existent autour du genou. Il vaut mieux surveiller ça et si c’est systématique il faut consulter assez rapidement et voir ce qui peut être fait pour limiter ce problème là et donner les bons conseils à Jean-Michel pour qu’il adapte peut-être son activité sportive.
Maxence Rigottier : D’accord. Donc n’hésite pas à continuer tes étirements, à bien boire et à consulter un podologue ou un médecin du sport pour en savoir un peu plus sur tes soucis. Et ensuite, si c’est récurrent, voir si tu ne peux pas réadapter ton entraînement par rapport à ton corps et tes besoins. Pour finir sur une dernière question, celle de Chantal : « Bonjour Maxence, j’ai 60 ans et ça fait 10 ans que je cours régulièrement 3 fois par semaine, et depuis 1 an j’ai une douleur au tendon d’Achille gauche. J’ai tout essayé, repos de 3 mois, kinésithérapeute, je bois beaucoup, je fais des étirements, je mets de la glace quand la douleur est là. J’ai de bonnes chaussures, mais à chaque fois que je reprends le running, distance 7 km, le tendon me tire le lendemain. Je suis obligée de marcher avec des hauts talons, je ne peux plus poser le pied à plat. J’ai essayé de marcher une heure, mais le lendemain j’ai mal au tendon d’Achille. Que faire ? »
Daniel Benjamin : C’est très classique comme consultation et comme problème. Déjà Chantal dit qu’elle a tout essayé. Effectivement, une phase de repos longue c’est une bonne idée mais ça n’a pas été suffisant malheureusement. Kinésithérapie. Il y a d’autres traitements qui peuvent être mis en place.
Maxence Rigottier : Quels sont-ils ?
Daniel Benjamin : La 1ère chose qu’il faudrait qu’elle fasse prioritairement et rapidement c’est une consultation podologique. Voir si le pied n’a pas de trouble statique important, si la foulée est bonne… Effectivement, s’étirer, le travail de kinésithérapeute est important. Visiblement dans ce cas là ça n’a pas été suffisant donc il faudrait qu’elle s’occupe de consulter rapidement en podologie du sport pour voir ce que ça donne et potentiellement stabiliser son pied et voir si ses chaussures sont vraiment adaptées. On voit quand même très fréquemment des patients qui se sont fait conseiller dans des magasins de sport pour acheter les bonnes chaussures et on a quand même des grosses surprises des fois. On est quand même très étonnés qu’une personne ait pu conseiller à la patiente de porter ce genre de chaussures en l’ayant regardé courir. Il vaut mieux consulter, qu’elle amène ses chaussures de sport et qu’elle voit tout ça. Également, ce dont on parlait tout à l’heure, potentiellement de voir un médecin du sport pour mettre en place peut-être de la mésothérapie.
Maxence Rigottier : Qu’est-ce que c’est exactement ?
Daniel Benjamin : Ce sont des petites piqûres où ils injectent des petites doses (chaque médecin fait sa mixture, c’est à dire qu’ils injectent un petit peu d’antibiotiques, un petit peu anti-inflammatoires, un petit peu d’anti-douleur, et un petit peu de relaxant, et tout ça en quantité très faible) sur le tendon ou autour du tendon. C’est très fréquent dans le milieu du sport d’avoir recours à ce genre de thérapie. Ça peut bien marcher. Ça marche pas toujours très bien chez tout le monde mais ça peut bien marcher. Faire ça et si c’est récurrent, persistant, handicapant, elle peut en venir au traitement chirurgical. C’est à dire qu’un traitement chirurgical qui est fréquent dans les tendinites d’Achille chroniques et récurrentes, c’est ce qu’on appelle le peignage du tendon, c’est à dire qu’ils peignent le tendon pour l’étirer, l’élargir et lui donner une certaine souplesse. Des patients qui se sont fait peigner le tendon ont un tendon d’Achille un peu particulier. Normalement c’est un gros cordon relativement rond, de forme cylindrique, alors qu’après avoir fait peigner le tendon celui-ci est un petit peu plat et large avec un aspect un petit peu carré. Il vaudrait mieux qu’elle s’occupe de ça. Ensuite, le fait de porter des talons lors de douleurs d’Achille fréquentes c’est ce que font fréquemment les femmes parce que quand on est en hauts talons (il y a haut talon et Haut talon, si elle se met des 12 cm ce n’est pas trop conseillé)…
Maxence Rigottier : Des talons de 5-6 cm ?
Daniel Benjamin : Oui des talons de 5-6 cm c’est pas grave. Du coup ça permet de raccourcir la course musculaire et ça permet de ne pas tirer sur le tendon d’Achille, de moins le solliciter et c’est une forme de soulagement pour le patient.
Maxence Rigottier : D’accord. Donc n’hésite pas Chantal. Soit consulter un podologue du sport ou un médecin du sport.
Daniel Benjamin : Prioritairement aller en consultation.
Maxence Rigottier : Amène ta paire de running en même temps pour voir tout ce qui cloche. Et bon courage et bon rétablissement pour la suite.
Daniel Benjamin : Bonne chance.
Maxence Rigottier : Merci d’avoir suivi cette vidéo. N’hésitez pas à retrouver Daniel Benjamin soit sur son site qui s’appelle http://www.podologue-paris.com/, soit au centre Voltaire à Paris, c’est à la sortie du métro Charonne ligne 9. Si vous voulez vous faire consulter ça sera ici même pour soit vous faire des semelles orthopédiques ou tout autre souci dans ce domaine.
Daniel Benjamin : Tout à fait.
Maxence Rigottier : N’hésitez pas également à partager la vidéo sur Facebook, Twitter ou Google +, et pour ma part je vous dit à très vite pour de nouvelles vidéos sur la course à pied. À bientôt.
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